Plus de 120 défenseurs de la libre expression de partout dans le monde se rassemblent cette semaine à Montevideo, en Uruguay, à l’occasion de l’Assemblée générale de l’Échange international de la liberté d’expression (IFEX). En priorité, 20 participants ont mis sur pied un Groupe d’Action sur la Birmanie afin de soutenir les protestataires et les […]
Plus de 120 défenseurs de la libre expression de partout dans le monde se rassemblent cette semaine à Montevideo, en Uruguay, à l’occasion de l’Assemblée générale de l’Échange international de la liberté d’expression (IFEX). En priorité, 20 participants ont mis sur pied un Groupe d’Action sur la Birmanie afin de soutenir les protestataires et les journalistes dans leur lutte contre la répression militaire qui s’abat depuis peu sur le pays.
Le groupe, dirigé par l’Alliance de la presse de l’Asie du Sud-Est (Southeast Asian Press Alliance, SEAPA), entend s’appliquer à obtenir la tenue d’une enquête sur la mort du journaliste japonais Kenji Nagai, sur les cinq reporters qui restent en prison et la pénible situation des journalistes birmans en exil.
Les participants à la conférence, présidée par Soe Myint, de l’agence de nouvelles birmane en exil Mizzima News, ont demandé l’envoi d’une mission d’enquête dans ce pays notoirement isolé, et que l’on trouve des moyens pratiques de faire sortir les nouvelles dans la communauté internationale. Myint dit qu’il y a un besoin réel de quantités importantes d’équipement technologique facile à dissimuler (comme des caméras cachées et des walkie-talkie), facile à comprendre et facile à installer et à démonter.
« Nous avons besoin d’outils pour surmonter la répression gouvernementale », a déclaré Myint. « Il est temps pour nous de nous préparer au pire. »
Le Groupe d’Action sur la Birmanie appelle en outre à l’exercice de pressions internationales sur la Chine, le plus important partenaire commercial de la Birmanie, qui protège son image de marque à l’approche des Jeux Olympiques de Beijing en 2008. « La Chine ne veut pas que la Birmanie soit le prochain Darfour », a déclaré Myint, qui demande que les protestations se poursuivent devant les ambassades de Birmanie et de Chine.
La Birmanie est loin d’être la seule crise de la libre expression. D’après Freedom House, pour la cinquième année d’affilée, la liberté des médias a décliné dans le monde.
À la conférence, dont les organisations hôtes sont l’Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC) et l’Institut pour la presse et la société (Instituto Prensa y Sociedad, IPYS), les participants ont examiné la cause de ce déclin et des menaces les plus pressantes à la libre expression : impunité, concentration de la propriété des médias, lois criminelles sur la presse et censure de l’Internet.
Et les « poderes paralelos », ou « pouvoirs parallèles » en Amérique latine – les trafiquants de drogue, la mafia locale, les groupes armés et les paramilitaires, entre autres – qui opèrent en dehors de la loi et qui rendent la région extrêmement dangereuse pour les médias. Les journalistes subissent des pressions, ils sont menacés, agressés ou tués parce qu’ils couvrent les nouvelles sur les questions reliées aux intérêts de ces groupes. Le reporter colombien Orlando Sierra, par exemple, est mort en 2002 à cause de ses opinions tranchées sur la corruption à laquelle sont mêlés les politiciens locaux de Manizales. Les responsables de son assassinat courent toujours.
Dans une déclaration conjointe, les groupes latino-américains présents à la conférence, qui élaborent une initiative régionale sur cette question, pressent tous les membres du réseau de l’IFEX de faire de la lutte contre les « poderes paralelos » – et les problèmes d’impunité et d’autocensure qui les accompagnent souvent – une priorité majeure dans les prochaines années. Ils ont également invité les gouvernements de la région à « agir devant les menaces et à garantir, par des mesures juridiques concrètes, l’exercice de la libre expression pour les journalistes, les médias et tous les citoyens. »
Comme l’a fait remarquer dans son allocution d’ouverture l’universitaire péruvienne spécialiste en communication et en développement Rosa Maria Alfaro, la liberté d’expression, c’est le droit de chacun, et non pas seulement des journalistes. Les journalistes ont besoin d’avoir « un meilleur contact » avec les gens, a-t-elle ajouté. « Il est important de lier les journalistes aux problèmes sociaux et à la participation citoyenne », a-t-elle ajouté, faisant allusion en particulier à l’expérience latino-américaine.
Les séances consacrées aux campagnes sont également consacrées à la défense des droits de la personne à l’approche des Jeux Olympiques de 2008 à Beijing, à la mission internationale au Népal et aux violations de la libre expression à travers l’Afrique. Le Groupe d’observation de la Tunisie organisé par l’IFEX a discuté de plans pour protester en novembre à Washington contre le 20e anniversaire du régime du président Ben Ali, à l’occasion d’une manifestation à laquelle participeront des militants tunisiens comme le juriste récemment libéré Mohamed Abbou.
Aussi à cette conférence, les participants ont reçu des conseils pratiques et techniques d’experts à l’occasion d’un forum d’une journée sur la technologie de l’information et de la communication (TIC). Ces experts ont présenté un grand nombre de trucs, notamment comment contourner les censeurs de l’Internet, comment créer et entretenir une adresse de courriel sûre, comment diffuser des nouvelles sur des campagnes au moyen d’un logiciel de cinéma facile à utiliser, et comment économiser de l’argent sur les factures de téléphone en organisant des communications orales sur Internet.
La conférence de six jours, organisée avec l’appui des groupes locaux Comunica et de l’Association des journalistes d’Uruguay (APU), conclut ses travaux le 12 octobre. Un rapport de suivi sera présenté dans le « Communiqué de l’IFEX » de la semaine prochaine et sur le site web de l’IFEX.
Consulter les sites des experts en TIC :
– Initiative OpenNet, sur la façon de contourner les censeurs : http://opennet.net
– Tactical Tech, « NGO in a Box Security Edition » (Une ONG dans une boîte de sécurité) : http://security.ngoinabox.org
– IT+46, à propos de la façon de mettre en ?uvre une stratégie de sécurité : http://www.it46.se/course/security.php
– Privaterra, sur la façon de protéger vos données : http://privaterra.org
– Association of Progressive Communications (APC), idées de campagnes en ligne : http://www.takebackthetech.net
(Photo courtoisie de Erol Onderoglu : Soe Myint, de Mizzima News, s’adresse à l’Assemblée générale de l’IFEX à propos de la crise en Birmanie.)
(9 octobre 2007)