(RSF/IFEX) – Ci-dessous, une lettre ouverte de RSF au Président Joseph Kabila : République Démocratique du Congo LETTRE OUVERTE AU PRÉSIDENT JOSEPH KABILA RSF demande la libération de Frédéric Kitengie « Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté de la presse, vous prie de bien vouloir saisir les autorités compétentes afin de faire […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, une lettre ouverte de RSF au Président Joseph Kabila :
République Démocratique du Congo
LETTRE OUVERTE AU PRÉSIDENT JOSEPH KABILA
RSF demande la libération de Frédéric Kitengie
« Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté de la presse, vous prie de bien vouloir saisir les autorités compétentes afin de faire libérer le journaliste sportif Frédéric Kitengie, correspondant de Radio France Internationale (RFI) à Johannesbourg.
Selon nos informations, Frédéric Kitengie a été transféré le lundi 10 décembre 2001 à la prison centrale de Kinshasa, mais aucune date de jugement ne lui a été notifiée. Il avait été arrêté, le 5 décembre, à Kinshasa, par des membres de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR). Frédéric Kitengie a été interrogé à propos d’une interview qu’il avait réalisée du président de l’équipe congolaise de football, Moïse Katumbi, également frère de Katebe Katoto, candidat déclaré à la présidence de la République démocratique du Congo. Il semble que les agents de l’ANR l’ont précisément questionné sur ses liens avec Katebe Katoto. Le 8 décembre, Frédéric Kitengie a été déféré au parquet près le tribunal de grande instance de Kinshasa. Il lui a été reproché, cette fois-ci, une affaire de mauvaise gestion financière alors qu’il était directeur de l’information à la Radio-télévision nationale congolaise (RTNC). En 1998, feu le président Laurent-Désiré Kabila avait accordé une enveloppe de 600 000 dollars américains à l’ancien ministre de l’Information, Raphaël Ganda, pour l’achat d’infrastructures pour la chaîne publique. Le journaliste avait accompagné le ministre et son conseiller technique, Ngoie Kasula, dans une mission en Europe à cette fin. Or, Raphaël Ganda et Ngoie Kasula n’ont pas été inquiétés.
Reporters sans frontières estime que Frédéric Kitengie est emprisonné pour avoir exercé sa profession, et qu’il n’aurait jamais dû être incarcéré. L’organisation rappelle qu’en janvier 2000, le Rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression, Abid Hussain, a affirmé que l’emprisonnement en tant que sanction de l’expression pacifique d’une opinion constitue une « violation grave des droits de l’homme ».
Reporters sans frontières est d’autant plus choquée par cette détention que le gouvernement a décidé hier, 10 décembre, de célébrer le 53e anniversaire de la « Déclaration universelle des droits de l’homme ». Nous vous rappelons que vous vous êtes fortement engagé, à plusieurs reprises, devant la communauté internationale, en faveur de ces droits fondamentaux. Vous vous êtes prononcé lors de votre discours d’investiture le 26 janvier 2001, sur la nécessité de renforcer l’Etat de droit, de consolider la démocratie et de garantir les droits de l’homme. A l’occasion de la 57e session de la Commission des droits de l’homme des Nations unies, vous avez réaffirmé votre attachement aux droits de l’homme. Or, l’association Journaliste en danger (JED) fait état, le 10 décembre, dans un rapport rendu public sur la liberté de la presse en République démocratique du Congo, de l’emprisonnement de vingt-cinq journalistes depuis votre investiture voici un an.
Si Reporters sans frontières se félicite de la libération le 6 novembre 2001 de Freddy Loseke Lisumbu, directeur de publication du journal La Libre Afrique, l’organisation reste extrêmement préoccupée par l’arrestation de Frédéric Kitengie, qui n’a fait qu’exercer son activité de journaliste. Nous vous demandons de donner un signe fort du respect de vos engagements, en ordonnant sa libération immédiate. »