Au moment où un éminent écrivain turc, Esber Yagmurdereli, est libéré à la suite dâune campagne internationale, lâinquiétude règne quant au sort du journaliste Serdal Gelir, qui demeure incarcéré. La libération de Yagmurdereli survient dans le cadre de lâamnistie dâun nombre important de prisonniers, tandis que les détenus ont entrepris une grève de la faim […]
Au moment où un éminent écrivain turc, Esber Yagmurdereli, est libéré à la suite dâune campagne internationale, lâinquiétude règne quant au sort du journaliste Serdal Gelir, qui demeure incarcéré. La libération de Yagmurdereli survient dans le cadre de lâamnistie dâun nombre important de prisonniers, tandis que les détenus ont entrepris une grève de la faim pour dénoncer la réforme du système carcéral, et que le gouvernement sâefforce de contrôler les violents incidents qui se produisent dans les prisons.
Le Comité des écrivains en prison du PEN International (WiPC) rapporte que lâavocat, dramaturge et militant des droits de la personne Esber Yagmurdereli a été libéré le 18 janvier. Incarcéré depuis juin 1998, Yagmurdereli avait été condamné à la prison à vie. Il avait dâabord été condamné à mort en 1978, puis avait vu sa peine commuée en emprisonnement à vie pour avoir « tenté de changer lâordre constitutionnel par la force ». Selon ses amis et ses collègues, il a été victime dâun traquenard destiné à le faire taire. Yagmurdereli a été libéré sous condition en 1991. Après sa libération, il a dénoncé publiquement les violations des droits de la personne, en particulier celles commises contre les Kurdes, ce qui lâa conduit de nouveau en prison après de longues procédures judiciaires. En décembre dernier, quelque 20 000 prisonniers ont été libérés aux termes dâune amnistie. Les avocats de Yagmurdereli ont demandé la révision de son cas en vertu de lâamnistie, et ont ainsi obtenu du tribunal une ordonnance de remise en liberté. Le WiPC remercie toutes les organisations et tous les particuliers qui ont soutenu la campagne en faveur de la libération dâEsber Yagmurdereli. [Voir les « Communiqués » 9-41 et 10-02 de lâIFEX.] »>http://communique.ifex.org/articles_francais.cfm?category=1%20Nouvelles%20R%E9gionales&volume=9&issue_no=41&lng=francais#2411″>9-41 et 10-02 de lâIFEX.]
Malgré ce progrès, la situation qui règne en Turquie continue de préoccuper les organisations de défense de la liberté dâexpression. Le Forum norvégien pour la liberté dâexpression (NFFE) craint que la vie du journaliste Serdal Gelir, de lâhebdomadaire « Mücadele », ne soit en danger. Gelir participe à la grève de la faim que les prisonniers politiques ont commencée pour dénoncer leurs conditions de détention et les réformes pénitentiaires appliquées récemment, qui permettent dâisoler les prisonniers. Les détenus craignent que lâisolement ne les rende plus vulnérables aux tortures et aux violations par les gardiens. Gelir a été condamné à quinze ans de prison en 1994 pour appartenance à une organisation armée illégale, Dev Sol/Gauche Révolutionnaire, ce que nie le journaliste. Gelir a failli mourir en 1996 après avoir participé à une grève de la faim qui a duré plusieurs mois. Depuis, sa santé sâest détériorée. Le NFFE et dâautres organisations dâécrivains et de défense des droits de la personne de Norvège demandent sa remise en liberté immédiate.
Les journalistes emprisonnés comptent parmi les personnes interceptées lors de violentes descentes de police survenues dans les prisons le 19 décembre. Une opération de transfèrement a eu lieu dans vingt prisons de Turquie, dâaprès Human Rights Watch (HRW), dans laquelle trente prisonniers et deux policiers ont perdu la vie. HRW a condamné la répression du gouvernement turc contre des personnes qui cherchaient à faire la lumière sur les tortures, les passages à tabac et autres violations des droits commis par la police lors des descentes. Le groupe Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé les restrictions imposées à la couverture par les médias de la situation très grave qui règne dans les prisons turques. Le 14 décembre dernier, la Cour de sûreté de lâÃtat N° 4 dâIstanbul a annoncé que serait interdit tout média « publiant ou diffusant des communiqués émanant dâorganisations illégales ou des informations susceptibles dâinciter à la haine, à lâhostilité et au crime » et qui montrerait lâ »Ãtat dans un état de faiblesse ». RSF ajoute quâà la suite de cette décision, le procureur de la Cour de sûreté de lâÃtat dâIstanbul a lancé, le 20 décembre, une plainte contre le quotidien « Star » et a ouvert une enquête sur les numéros du 20 décembre des quotidiens « Radikal » et « Sabah ».