LâAssociation des médias des Ãles du Pacifique (PINA) et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) annoncent que le gouvernement des Philippines vient dâintenter des poursuites judiciaires pénales en diffamation contre la presse indépendante, ce qui montre le peu de cas quâon y fait de la liberté de la presse. En réponse à un […]
LâAssociation des médias des Ãles du Pacifique (PINA) et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) annoncent que le gouvernement des Philippines vient dâintenter des poursuites judiciaires pénales en diffamation contre la presse indépendante, ce qui montre le peu de cas quâon y fait de la liberté de la presse. En réponse à un article publié le 16 février dans le âManila Timesâ, le Président, Joseph Ejercito Estrada, a intenté le 9 mars dernier une poursuite de 101 millions de pesos (2,6 millions $ US) en diffamation contre le journal, les administrateurs et les journalistes. Selon le reportage,
en signant comme témoin lâentente conclue entre la National Power Corporation,
propriété de lâÃtat, et la firme dâingénierie argentine IMPSA Asia Ltd., le Président sâétait fait âinvolontairement ninongâ [parrain] de ce contrait dont le bien-fondé est contesté. Le Président Estrada avait annoncé le 8 avril quâil laisserait tomber lâaffaire, mais seulement après que lâéditeur du âManila Timesâ, Robina Gokongwei-Pe, aurait présenté des excuses à la une et affirmé que sa publication âne visait nullement à
entacher lâétincelante réputation que [le Président sâétait] bâtie au cours des
nombreuses années quâil a consacrées au service de la populationâ.
Ces excuses ont provoqué la démission du directeur-rédacteur en chef Chit Estrella, de
lâéditeur adjoint Booma Cruz, du reporter principal Eduardo Lingao et du premier
chroniqueur des affaires, Joel Gaborni, auteur du reportage controversé. Tous
sâinquiètent âque le journal a sacrifié son indépendance et son intégrité pour tenter
dâapaiser le gouvernementâ, pour des intérêts financiers, dit le CPJ.
Dans sa plainte officielle, le Président affirme vouloir âdécourager les autres de
diffamer, de dénigrer et de dégrader les gens, et dâentacher la réputation des
particuliers er des serviteurs de lâÃtat sous prétexte de liberté dâexpressionâ. Le CPJ sâinquiète que le Président utilise le cas du âManila Timesâ pour faire un exemple, afin de détourner du journalisme dâenquête. La PINA fait valoir que âselon lâInstitut de la presse des Philippines (PPI), les propos dâEstrada au moment de lancer sa poursuite
constituent une menace adressée à lâensemble des médias dâinformation des Philippinesâ. Le âManila Timesâ avait déjà réagi dans une déclaration où il disait : âen intentant des poursuites en diffamation en raison dâun reportage légitime, le Président lance aussi à la presse un signal troublant, celui de nâêtre pas disposé à tolérer la critique, ou même un reportage, sur quelque question importante de son gouvernementâ.