Les groupes membres de l’IFEX ont prié les autorités colombiennes d’accroître leurs efforts pour garantir la sûreté des journalistes dans le pays, à la suite de menaces de mort dirigées contre trois reporters bien connus. Le 16 mars 2005, des couronnes mortuaires ont été envoyées aux domiciles et aux bureaux de Hollman Morris, Daniel Coronell […]
Les groupes membres de l’IFEX ont prié les autorités colombiennes d’accroître leurs efforts pour garantir la sûreté des journalistes dans le pays, à la suite de menaces de mort dirigées contre trois reporters bien connus. Le 16 mars 2005, des couronnes mortuaires ont été envoyées aux domiciles et aux bureaux de Hollman Morris, Daniel Coronell et Carlos Lozano. Personne n’a revendiqué la responsabilité de ces menaces.
Morris dirige l’émission de télévision hebdomadaire « Contravía », extrêmement populaire, qui s’attaque à quelques-unes des questions les plus difficiles et les plus controversées que soulève le conflit armé en Colombie, rapporte Human Rights Watch. « Contravía » a donné une couverture en profondeur du conflit, y compris des atrocités commises tant par les paramilitaires d’extrême droite que par les guérilleros de gauche.
L’an dernier, la méticuleuse enquête que Morris a effectuée sur l’assassinat, en 1999, du confrère journaliste Jaime Garzón a mis au jour une nouvelle preuve utilisée ultérieurement par le tribunal qui instruisait cette affaire. Human Rights Watch a décerné une bourse Hellman-Hammett à Morris en reconnaissance des risques qu’il court pour couvrir les questions liées aux droits de la personne.
Coronell est directeur d’une émission d’information très regardée, « Noticias Uno ». Il est également chroniqueur à l’hebdomadaire d’information « Semana ». Lozano est directeur du journal communiste colombien « Voz » (« La Voix »).
Le président de la Colombie, Alvaro Uribe, a condamné les menaces et donné des ordres pour accroître la sécurité des journalistes et enquêter sur ces menaces. Lozano et Coronell sont déjà sous la protection de la police, mais pas Morris. Le 18 mai, les journalistes ont rencontré le vice-président et des représentants de la police nationale, du Ministère de la Justice et du bureau du Procureur général. On leur a dit que le gouvernement leur fournirait, à eux et à leur famille, la protection nécessaire pour qu’ils puissent continuer leur travail. Le bureau du Procureur général a accepté que son unité des droits de la personne prenne l’enquête en charge, avec l’aide de la police nationale.
Human Rights Watch, la Fondation pour la liberté de la presse (Fundación para la Libertad de Prensa, FLIP), la Fédération internationale des journalistes (FIJ), l’Institut pour la presse et la société (Instituto Prensa y Sociedad, IPYS), Reporters sans frontières (RSF) et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) ont condamné ces menaces et pressé le gouvernement de montrer qu’il prend au sérieux les menaces et les attaques contre les journalistes.
Les journalistes et les défenseurs des droits de la personne en Colombie sont fréquemment la cible de mesures de harcèlement, de menaces et d’assassinats par des groupes armés ou autres à cause de leur travail. D’après la FLIP, les journalistes travaillent dans un climat de peur et d’autocensure généralisées.
Cette préoccupation a trouvé un écho chez le Rapporteur spécial de l’Organisation des États américains pour la liberté d’expression, qui s’est rendu en Colombie du 25 au 29 avril 2005. Eduardo Bertoni a déclaré avoir constaté un « environnement d’autocensure chez les journalistes et dans les médias, ainsi que l’impunité persistante qui entoure les crimes contre les journalistes ».
Beaucoup de journalistes, en particulier ceux des zones rurales, ont dit à Bertoni qu’ils évitaient de publier des informations sur certains sujets ou changeaient leur politique rédactionnelle par crainte des représailles. Dans bien des cas, les autorités ont réalisé peu de progrès dans les enquêtes sur les attaques contre les journalistes. Bertoni a demandé aux autorités colombiennes d’accélérer les enquêtes et de renforcer les mesures de protection pour les journalistes.
Consulter :
– Déclaration conjointe de la FLIP, de l’IPYS, de la FIJ et de RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=13870
– Dossier de Human Rights Watch : http://hrw.org/english/docs/2005/01/13/colomb9847.htm
– CPJ : http://www.cpj.org/news/2005/Colombia18may05na.html
– Rapporteur spécial de l’OEA pour la liberté d’expression : http://www.cidh.org/Relatoria/showarticle.asp?artID=576&lID=1
– Rapport des Nations Unies sur les droits de la personne en Colombie : http://tinyurl.com/94q3e
Lire les dossiers des membres de l’IFEX sur la Colombie :
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=13243
– CPJ : http://www.cpj.org/attacks04/americas04/colombia.html
– Institut international de la presse : http://www.freemedia.at/wpfr/Americas/colombia.htm
– Société interaméricaine de la presse : http://www.sipiapa.org/pulications/report_colombia2005.cfm
– Freedom House : http://www.freedomhouse.org/research/freeworld/2004/countryratings/colombia.htm