(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF, daté du 25 octobre 2001 : Selon Rahimullah Yusufzai, journaliste au quotidien pakistanais The News, l’investigation sur les trois reporters détenus en Afghanistan, Michel Peyrard, Irfan Qureshi et Mukkaram Khan, a été conclue par les responsables des services secrets taliban. Leurs conclusions ne peuvent être rendues […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF, daté du 25 octobre 2001 :
Selon Rahimullah Yusufzai, journaliste au quotidien pakistanais The News, l’investigation sur les trois reporters détenus en Afghanistan, Michel Peyrard, Irfan Qureshi et Mukkaram Khan, a été conclue par les responsables des services secrets taliban. Leurs conclusions ne peuvent être rendues publiques mais seront communiquées à la cour qui va juger les trois hommes en vertu de la loi islamique. Cette cour composée de mollahs devrait se réunir dans deux ou trois jours. Les trois journalistes y seront jugés pour les mêmes charges, dont on ignore la nature, et devraient avoir droit à un avocat s’ils en font la demande. Il semblerait que les taliban souhaitent mener le jugement à son terme. Si l’inculpation d’espionnage était maintenue, les trois hommes risqueraient la peine de mort.
Le mollah Zaef, ambassadeur taliban à Islamabad, a regagné l’Afghanistan. Les familles des journalistes pakistanais, les autorités françaises et Reporters sans frontières lui ont demandé d’intervenir en faveur de la libération des trois journalistes. Différentes personnalités influentes auprès des taliban, notamment des mollahs et des leaders de partis fondamentalistes, ont également été sollicitées en ce sens.
Les quatre journalistes (le reporter japonais récemment arrêté compris) sont bien traités. Un de leurs gardes taliban a déclaré en plaisantant qu’il fallait bien trouver une solution parce que cela commençait à coûter cher et qu’il n’y aurait bientôt plus de places pour recevoir tous ces journalistes. Mukkaram Khan, journaliste et membre d’un parti fondamentaliste, a obtenu des taliban le droit de lancer les appels à la prière.
En revanche, la famille de Mukkaram Khan, originaire de la zone tribale Mohmand Agency, est victime de représailles de la part des habitants de la région. Après que le journaliste a été arrêté par les taliban et accusé d’espionnage au bénéfice des Américains, des centaines de personnes se sont rassemblées devant sa maison, ont menacé de la brûler, d’expulser sa famille de la tribu et de juger le journaliste en vertu des lois tribales dès son retour d’Afghanistan. L’un des frères de Mukkaram Khan a été contraint de se réfugier à Peshawar et sa famille a engagé des hommes armés pour protéger leurs biens. RSF a demandé aux journalistes à Peshawar des publications en ourdou les plus populaires dans cette région de faire paraître des articles expliquant que Mukkaram Khan n’a pas aidé un espion mais un reporter désireux de témoigner sur la situation en Afghanistan.
Un témoin de l’arrestation de Michel Peyrard, le 9 octobre dernier, a confirmé que celle-ci avait eu lieu alors que le reporter de Paris Match venait de traverser la rivière dite Kabul. Sa taille, sa démarche peu féminine et ses chaussures avaient éveillé les soupçons. Les trois hommes auraient été frappés par les habitants de la zone tribale qui les ont arrêtés.