La police a arrêté puis maltraité pendant plusieurs heures les deux rédacteurs de revues tibétains Goyon et Thupten Gedun.
(RSF/IFEX) – Le 10 juin 2010 – Reporters sans frontières dénonce la nouvelle série d’attaques contre des journalistes et écrivains tibétains. Le 5 juin 2010, la police a arrêté puis maltraité pendant une nuit Goyon et Thupten Gedun, rédacteurs des revues Tibet et Purgyal Kyi Namshey (L’âme des anciens rois) à Chengdu. Le 24 mai, à Ngaba (est du Tibet), Dokru Tsultrim, moine et écrivain tibétain, a été arrêté sans aucun mandat d’arrêt, pour la deuxième fois en l’espace de treize mois. Sa famille est interdite de visite depuis lors.
« Alors que les autorités chinoises offrent dans le cadre de l’Expo Shanghai 2010 la vision d’un Tibet idéal et pacifié, les informations qui arrivent de la région sont bien différentes. Arrestations, violences et surveillance sont le lot commun des défenseurs de l’identité tibétaine. Nous appelons le Premier ministre Wen Jiabao à donner des ordres clairs pour que les intellectuels tibétains détenus soient libérés de prison », a affirmé l’organisation.
Le 5 juin dans la soirée, les journalistes Goyon et Thupten Gedun circulaient à pied à Chengdu, lorsqu’une quinzaine de policiers sont descendus de deux voitures, les ont neutralisés avec du gaz lacrymogène avant de les conduire au commissariat. Les policiers les ont attachés sur des chaises et leur ont fait subir un interrogatoire. Leurs téléphones portables, appareils photo, cartes d’identité, ainsi que leurs portefeuilles ont été confisqués.
Voici leur témoignage : « Les officiers nous ont violemment interrogés. Ils nous ont demandé des informations sur notre travail et nos activités politiques, tout en nous frappant. Ils nous menaçaient également en braquant leurs pistolets sur nos têtes. Quand nous demandions ce qu’on avait fait de mal, ils nous tapaient encore plus fort ». L’un d’entre eux a été torturé avec des équipements électriques, pour lui faire avouer ses torts.
« Le lendemain matin, les policiers ont vérifié nos casiers judiciaires, et se sont rendus compte qu’ils étaient vierges. Ils nous ont relâché, mais pas sans nous avoir menacé de nous arrêter de nouveau », ont expliqué Goyon et Thupten Gedun.
Le 24 mai, à Ngaba, l’écrivain Dokru Tsultrim a été arrêté dans le monastère de Gomang où il séjourne depuis cinq ans. Selon un membre de sa famille, en exil à Dharamsala (Inde), Dokru Tsultrim aurait été arrêté pour la publication de deux articles. « Dokru Tsultrim a refusé de donner son ordinateur portable à la police. Celle-ci a tout de même confisqué des documents qui se trouvaient dans sa chambre. Jusqu’à ce jour, notre famille se voit interdite de droit de visite », a déclaré ce proche à Reporters sans frontières.
Selon la même source, Dokru Tsultrim est très engagé dans le développement de la littérature parmi la jeunesse tibétaine, mais il ne participe à aucun mouvement politique.
D’autre part, Reporters sans frontières a appris que les autorités envisageaient prochainement d’obliger les habitants de Lhassa de remettre une pièce d’identité pour utiliser une photocopieuse. Et seuls les résidents permanents seraient autorisés à faire des photocopies. Cette nouvelle restriction vise vraisemblablement à empêcher la diffusion de tracts jugés « séparatistes » par les autorités.
Au moins 50 Tibétains ont été arrêtés depuis mars 2008 pour avoir envoyé des informations à l’étranger.