Tal Al-Mallouhi est accusée de "divulgation d'information à un État étranger".
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières dénonce la condamnation cruelle et injuste, par un tribunal d’exception, de la jeune blogueuse Tal Al-Mallouhi à 5 ans d’emprisonnement.
La Haute Cour de sûreté de l’État a condamné, le 14 février 2011, Tal Al-Mallouhi, jeune lycéenne et blogueuse de 19 ans, à 5 ans de prison pour « divulgation d’information à un État étranger », en l’occurence les États-Unis.
Reporters sans frontières s’indigne d’un tel verdict alors que le blog de Tal Al-Mallouhi ne comporte que des poèmes et des commentaires sur la société. Sa condamnation, révélatrice de la brutalité de la répression syrienne, est destinée à intimider les blogueurs syriens et à les encourager à l’autocensure. Tal Al-Mallouhi a servi de bouc émissaire.
Reporters sans frontières demande aux autorités syriennes de libérer Tal Al-Mallouhi dans les meilleurs délais, ainsi que les journalistes et net-citoyens emprisonnés dans le pays à ce jour. L’organisation exhorte la Syrie à garantir la liberté d’expression et d’information à tous ses ressortissants. Elle avait noté avec satisfaction la levée du blocage des sites Facebook et Youtube dans le pays, même si une censure drastique du Net, et en particulier des sites d’opposition, d’informations et des droits de l’homme, perdure dans le pays. La Syrie fait partie de la liste des pays qualifiés d' »Ennemis d’Internet » par Reporters sans frontières.
Tal Al-Mallouhi avait été arrêtée le 27 décembre 2009. Ses CD, livres et ordinateur avaient été saisis. Elle est détenue dans la prison de Douma. Maintenue au secret pendant près de onze mois, gardée dans des conditions déplorables, elle a été accusée, en octobre 2010, d’espionner pour le compte de l’ambassade américaine en Égypte. Les accusations reposeraient en partie sur une lettre ouverte que la jeune fille avait adressée à Barack Obama sur son blog, lui demandant de prendre une position plus équilibrée concernant les Arabes et les musulmans. Elle s’intéressait aussi au sort des Palestiniens. Le jugement du tribunal d’exception est sans appel.
Son arrestation a donné lieu à des mouvements de mobilisation dans le monde entier ( http://freetal.com/ ). Les États-Unis avaient réclamé sa libération, le 13 février.
La Syrie est placée 173e sur 178 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.