Enenche Godwin Akogwu a été assassiné peu de temps après les attentats meurtriers alors qu'il tentait d'interviewer des victimes devant le commissariat central de police de Farm.
(RSF/IFEX) – Le 23 janvier 2012 – Reporters sans frontières dénonce l’exécution sommaire dont a été victime le reporter Enenche Godwin Akogwu, assassiné le 20 janvier 2012 alors qu’il tentait de couvrir des attentats meurtriers perpétrés le même jour par la secte islamiste Boko Haram, et appelle les autorités à mettre en œuvre tous les moyens nécessaires afin que les auteurs de cet assassinat soient arrêtés et traduits en justice.
« Cette mort est d’autant plus choquante que le journaliste ne fait pas partie des victimes directes des attentats mais a été assassiné peu de temps après alors qu’il couvrait les événements », déplore Reporters sans frontières. « Après Zakariya Isa, abattu devant son domicile le 22 octobre 2011, Enenche Godwin Akogwu est le deuxième journaliste tué par la secte Boko Haram. Outre les attaques religieuses comme celles commises le jour de Noël et les actes terroristes contre des bâtiments de l’administration nigériane, Boko Haram dévoile un nouveau visage avec cette exécution : celui d’ennemi de la presse et des journalistes. Nous présentons nos plus sincères condoléances à la famille du journaliste, ainsi qu’à ses collègues et amis. Nous condamnons fermement cet assassinat et demandons aux autorités de mettre en place dans les plus brefs délais un dispositif afin d’assurer la protection des professionnels de l’information », a ajouté l’organisation.
Enenche Godwin Akogwu, 31 ans, correspondant pour Channels TV à Kano (Nord), a été abattu par un tireur non identifié, alors qu’il tentait d’interviewer des victimes des attentats suicides devant le commissariat central de police de Farm, situé sur Justice Dahiru Musdapher Road et lui-même touché dans les attaques.
Originaire de Aiodio dans le district Otikpa de Ogbadiibo (État du Benue), Enenche Godwin Akogwu n’avait jamais reçu de menaces auparavant. Il avait rejoint Channels TV à Abuja il y a trois ans avant d’être envoyé comme correspondant à Kano. Il venait de recevoir en 2011 une récompense du président de sa chaîne pour son travail irréprochable. Le président Goodluck Jonathan, qui a témoigné toute sa sympathie à la famille de la victime, a promis de mettre un terme aux attaques de Boko Haram.
Ces événements, qui ont fait au minimum 166 victimes, ont été revendiqués par la secte islamiste, qui pourrait être à l’origine de l’exécution du journaliste. Huit lieux stratégiques de la ville de Kano, dont le Commissariat Central, un bâtiment des services secrets, des services de l’immigration et la résidence d’un responsable de la police ont été visés par une vingtaine d’explosions.
Crime mystérieux
Dans une autre affaire, Nansok Sallah, journaliste pour la station de radio Highland FM, a été retrouvé mort le 19 janvier 2012 dans un ruisseau sous un pont de la route Zaramagada-Rayfield, à deux cents mètres d’un checkpoint militaire de la ville de Jos (au Nord-Est d’Abuja). Aucun de ses effets personnels de valeur n’a été volé ce qui fait craindre à ses collègues un assassinat de sang froid. Les causes et raisons de sa mort restent cependant inconnues à l’heure actuelle. Originaire du territoire de Langtang North dans l’Etat de Plateau, Sallah, qui avait rejoint Highland FM depuis trois ans, animait un programme appelé Highland Profile et n’avait jamais fait l’objet de menaces auparavant.
Reporters sans frontières demande aux autorités nigérianes qu’une enquête sérieuse et approfondie soit lancée afin de faire toute la lumière sur cette affaire.