Archiviste et collaborateur de plusieurs journaux d'opposition, Oularbek Baïtaïlak a été laissé pour mort sur le bord de la route par ses agresseurs
(RSF/IFEX) – Le 10 août 2012 – Reporters sans frontières exprime sa profonde indignation face à la tentative d’assassinat perpétrée dans la nuit du 8 août 2012 contre Oularbek Baïtaïlak, archiviste et collaborateur de plusieurs journaux d’opposition.
« Alors que nous venons de décerner le prix Peter Mackler à Lukpan Akmedyarov, violemment agressé il y a moins de quatre mois, voici donc un autre journaliste d’opposition victime d’une attaque similaire. Malgré le vol de ses effets personnels, le profil d’Oularbek Baïtaïlak et le mode d’action de ses agresseurs rendent très probables des motifs professionnels et politiques. Nous demandons aux forces de police et au parquet d’Astana de mener une enquête complète et impartiale, tenant compte des activités du journaliste », a déclaré l’organisation.
« Nous le répétons : la dégradation de la situation des journalistes indépendants et d’opposition au Kazakhstan atteint un niveau critique. Ces derniers avaient fini par s’habituer à la censure, aux arrestations, aux manœuvres d’intimidation. Mais le rythme des agressions et leur gravité s’accroissent de mois en mois. Dans la situation tendue que traverse actuellement le pays, nous en appelons aux autorités pour qu’elles retrouvent le chemin du dialogue et de l’apaisement. Celui-ci passe nécessairement par la liberté de l’information et des gestes fermes visant à mettre fin à l’impunité des agresseurs des collaborateurs des médias, des syndicalistes et des opposants ».
Oularbek Baïtaïlak a été attaqué dans la nuit du 7 au 8 août 2012, aux alentours de minuit, non loin de chez lui, dans la banlieue d’Astana (capitale). D’après les témoignages recueillis par Reporters sans frontières auprès de collègues qui ont pu lui rendre visite à l’hôpital, le journaliste a été approché par derrière par quatre individus, qui l’ont violemment frappé à la tête. Comme Oularbek Baïtaïlak se relevait, ses agresseurs ont tiré sur lui à courte distance, vraisemblablement au moyen d’un pistolet à air comprimé, puis l’ont roué de coups de pieds. Le journaliste a tenté de leur résister mais il a perdu connaissance et ses agresseurs l’ont laissé pour mort sur le bord de la route, en couvrant son corps de quelques pierres pour un enterrement symbolique. Ils lui ont dérobé son costume, les documents qu’il portait, son téléphone portable et 50 000 tenge (environ 270 euros).
Au centre de recherches traumatologiques et orthopédiques d’Astana, où Oularbek Baïtaïlak a été transféré dans la matinée du 8 août, les chirurgiens ont diagnostiqué un traumatisme crânien, une blessure profonde à la poitrine, une lèvre fendue et des dents cassées. Des examens complémentaires sont en cours pour évaluer l’étendue des dommages causés aux organes internes. Le journaliste souffre en outre de multiples contusions dues aux coups portés sur tout son corps. Il ne peut se déplacer seul pour l’instant, et devrait rester hospitalisé au moins un mois.
Employé des Archives nationales, Oularbek Baïtaïlak collabore régulièrement avec les journaux en langue kazakhe DAT, Tortinshi bilik (Quatrième pouvoir) et le magazine Altyn tamyr, tous proches de l’opposition. Ses articles sont souvent très critiques envers les autorités, notamment à travers de comparaisons historiques dont il use pour dénoncer le caractère autoritaire du pouvoir en place.
Le Kazakhstan figure à la 154e place sur 179 pays dans le classement mondial 2011-2012 de la liberté de la presse réalisé par Reporters sans frontières. Depuis cette année, le pays est également « placé sous surveillance » dans la liste des « ennemis d’Internet » publiée par l’organisation.