(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un rapport de RSF: VIOLATIONS DE LA LIBERTE DE LA PRESSE EN TURQUIE Août 2000 Treize journalistes prokurdes ou d’extrême gauche interpellés dont six incarcérés Le 5 août, Dogan Tolu, directeur de la publication du périodique d’extrême gauche Türkmen, Ferdane Tolu, employée du même journal, Gülay Arslan, directrice de la rédaction du […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un rapport de RSF:
VIOLATIONS DE LA LIBERTE DE LA PRESSE EN TURQUIE
Août 2000
Treize journalistes prokurdes ou d’extrême gauche interpellés dont six incarcérés
Le 5 août, Dogan Tolu, directeur de la publication du périodique d’extrême gauche Türkmen, Ferdane Tolu, employée du même journal, Gülay Arslan, directrice de la rédaction du périodique d’extrême gauche Asi, Süleyman Özalp, Gültekin Arslan et Sunay Demir, employés d’Asi sont interpellés par la police à Burnaz, dans le sud du pays. Le même jour, Karip Polat, le propriétaire de Türkmen et Asi est également interpellé dans cette région. Le 9 août, Sunay Demir et Ferdane Tolu sont remises en liberté, tandis que les autres journalistes comparaissent devant le procureur et sont incarcérés à la prison de Ceyhan, au sud du pays. Ils sont accusés d' »appartenir au Parti révolutionnaire pour la libération du peuple (DHKPC) ».
Le 14 août, Mikail Vayiç, propriétaire et rédacteur en chef de l’hebdomadaire d’extrême gauche Yasamda Atilim, est arrêté par des militaires à la sortie de la prison de Gebze (environs d’Istanbul), où il rendait visite à un proche. Le procureur de la République de Gebze ordonne, le 15 août, l’incarcération de M. Vayiç pour « possession de revues illégales ».
Le 17 août, Jülide Kaliç, reporter du quotidien d’extrême gauche Yeni Evrensel, est battue et interpellée alors qu’elle photographie l’intervention musclée de la police au cours d’une cérémonie commémorative en l’honneur d’un savant du XIIIe siècle, Haci Bektas-i Veli, dont une secte se réclame aujourd’hui. Elle est conduite à la direction de la sécurité de la sous-préfecture de Hacibektas, au centre du pays. La police la libère le lendemain, mais conserve ses pellicules.
Le 21 août, Tuncay Sezgin, reporter du bimensuel d’extrême gauche Devrimci Demokrasi, est brutalisé et interpellé par la police au palais de justice. Il assistait à la comparution de personnes arrêtées la veille lors d’une manifestation contre la construction d’un nouveau type de prison. Le journaliste est libéré le soir même.
Le 27 août, Ergüren Top, reporter pour le quotidien prokurde Yeni Gündem, est interpellé par la police alors qu’il couvre une conférence de presse de proches de prisonniers politiques, à Istanbul. Deux autres journalistes, Cengiz Kapmaz et Meral Kocamis, sont à leur tour interpellés, alors qu’ils photographiaient leur collègue, transféré du commissariat à l’hôpital pour des contrôles. Les trois journalistes sont libérés le lendemain, après l’intervention de leur avocat et des dirigeants du journal.
Trois journalistes agressés
Le 5 août, Unal Cetiner, cameraman de la chaîne de télévision Flash TV, est légèrement blessé et sa camera endommagée par la police, alors qu’il couvre, à Istanbul, une manifestation sur la place Galatasaray, contre la construction d’un nouveau type de prison qui isolerait davantage les prisonniers.
Le 23 août, Bülent Velioglu et Fatih Öner, cameramen de la chaîne de télévision régionale Ege TV sont brutalisés par des militants du Parti de la juste voie (DYP, droite libérale), lors de l’inauguration d’un bureau à Izmir. Les militants reprochent aux journalistes la façon dont ils traitent l’actualité.
Le 30 août, Izzetin Kömürcü, reporter de l’Agence Anatolie, est agressé par le frère et le neveu du maire de Tarakli (nord ouest du pays). Il avait publié un article dénonçant « la construction d’une entreprise sur un site classé ».
Un journaliste menacé
Fin juillet, Ali Öztürk, propriétaire et éditorialiste du quotidien régional de droite Günebakis, déclare, dans un de ses articles, être menacé par un tueur engagé par Burhan Kiroglu, ancien candidat du Parti du mouvement nationaliste (MHP, extrême droite). Le journaliste avait mis en cause dans ses articles les pratiques du ministre d’extrême droite des Travaux publics, Koray Aydin.
Un quotidien prokurde saisi
Le 31 août, le quotidien prokurde, Yeni Gündem, est saisi par la Cour de sûreté de l’État d’Istanbul. Le journal est accusé de « propagande séparatiste » pour avoir publié un article intitulé « La révolution des Kurdes ».
473 jours de suspension pour trois radios et une chaîne de télévision
Le 27 juillet, le Conseil de l’audiovisuel (RTÜK) suspend, pour une durée de quatre-vingt-dix jours, la radio régionale d’Antalya, Umut Radio. La station est accusée d' »incitation à la violence, à la terreur et à la discrimination ethnique » pour avoir diffusé une chanson du groupe d’extrême gauche Cemo.
Le 23 août, le RTÜK décide de suspendre les radios Özgür Radyo et Radyo Öney Flash FM, ainsi que la chaîne de télévision musicale Kral TV. Le Conseil reproche à la station Özgür Radyo, suspendue pour un an, d’avoir diffusé, le 9 juillet dernier, une chanson du groupe d’extrême gauche Kizilrmak. La chanson rend hommage aux jeunes leaders des mouvements de gauche des années 1970, tués lors d’une opération de gendarmerie. Radyo Oney Flash FM est suspendue pour quinze jours pour avoir diffusé des émissions « portant atteinte à l’unité de l’Etat et de la Nation ». Le RTÜK a sanctionné pour trois jours la chaîne de télévision Kral TV pour avoir « porté préjudice à la morale générale, à la tranquillité publique et aux valeurs de la famille turque ». La chaîne avait diffusé des images érotiques.
Depuis le 1er janvier 2000, le RTÜK a infligé 3761 jours de suspension à l’encontre de 25 radios et de 27 chaînes de télévision.
Une chaîne de télévision menacée
Le 15 août, trois individus armés tentent de pénétrer dans les bureaux de la chaîne de télévision locale Ege TV, à Izmir. L’un d’entre eux tire plusieurs coups de feu notamment sur le véhicule de transmission de la chaîne. La station de télévision avait diffusé des émissions critiques à l’égard d’un mafieu en prison. Cette agression ne fait pas de victimes.
Par ailleurs, Reporters sans frontières continue de demander la libération immédiate et inconditionnelle des journalistes Yalçin Küçük, de l’hebdomadaire de gauche Hepileri, arrêté le 29 octobre 1998, et Hasan Özgün, du quotidien d’extrême gauche Özgür Gündem, arrêté le 9 décembre 1993.
L’organisation réclame un procès juste et équitable pour les journalistes Asiye Zeybek Güzel, des hebdomadaires d’extrême gauche Isçinin Yolu et Atilim, arrêtée le 22 février 1997, et Nureddin Sirin, de l’hebdomadaire islamiste Selam, arrêté le 6 février 1997.