(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un rapport de RSF : VIOLATIONS DE LA LIBERTE DE LA PRESSE EN TURQUIE Juin 2000 Sept journalistes agressés Le 1er juin 2000, à Antalya (sud du pays), Hakki Sargin, reporter du quotidien de droite Aksam, et Volkan Gürak, de l’agence de presse Dogan, sont agressés par deux hommes, dont un député […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un rapport de RSF :
VIOLATIONS DE LA LIBERTE DE LA PRESSE EN TURQUIE
Juin 2000
Sept journalistes agressés
Le 1er juin 2000, à Antalya (sud du pays), Hakki Sargin, reporter du quotidien de droite Aksam, et Volkan Gürak, de l’agence de presse Dogan, sont agressés par deux hommes, dont un député du Parti de la Mère Patrie (ANAP), Sebgatullah Seydaoglu. Les journalistes étaient en train de photographier ces deux individus en compagnie de trois femmes, à la sortie d’une discothèque. Hakki Sargin a bénéficié d’un arrêt de travail de trois jours, suite aux coups qu’il a reçus.
Le 6 juin, lors d’une manifestation devant l’Université d’Istanbul, Demet Bilge, reporter du quotidien Radikal, est agressée par la police. Quelques instants plus tôt, un chef de la police avait ordonné à ses hommes d’interpeller d’autres journalistes qui couvraient cette manifestation.
Le 10 juin, Irfan Hosafçioglu, ancien président de l’Association des journalistes de Cankiri (centre du pays) et rédacteur en chef du périodique local Dogruyol Gazetesi, est agressé en pleine rue par des inconnus.
Le 16 juin, à la sortie d’un procès de policiers accusés de torture, le correspondant de l’agence de presse Ihlas (IHA), Mehmet Hüseyin Zorkun, est brutalisé par les forces de l’ordre. Il était en train de filmer des policiers qui interpellaient des personnes à la sortie du tribunal.
Le 20 juin, à l’occasion d’une visite du Premier ministre, Bülent Ecevit, Hikmet Tekemen, caméraman de la chaîne privée Show TV, et Kadir Celikcan, du quotidien Star, sont frappés par des agents de sécurité de l’aéroport de Sanliurfa (sud-est du pays). Par ailleurs, Bülent Okutan et Ramazan Yavuz, reporters de l’agence de presse Dogan (DHA), sont refoulés, à l’entrée de l’aéroport, par les policiers.
Deux journalistes interpellés
Le 14 juin, Hayrettin Celik, correspondant du quotidien prokurde Yeni Gündem à Adana (sud du pays), est interpellé par la police et conduit à la section antiterroriste de la Direction de sécurité de cette ville. Cette arrestation semble être liée à un ancien procès intenté contre le journaliste et pour lequel il avait été acquitté. Celik est libéré le lendemain.
Le 24 juin, Kamil Tekin Sürek, éditorialiste du quoditien d’extrême gauche Yeni Evrensel et avocat de la famille du journaliste Metin Göktepe (tué par des policiers en 1996), est interpellé par la police d’Ankara. Il est relâché deux jours plus tard.
Un journaliste menacé
Le 8 juin, le rédacteur en chef du bimensuel régional Firtina, Ilyas Gür, est menacé par Ahmet Mete, ancien maire de Iyidere (nord du pays) : « Fais attention à toi, sinon je te coupe les jambes. On verra alors comment tu te promèneras dans la ville ». Depuis fin 1999, la rédaction de ce journal fait l’objet de menaces et de pressions de la part des autorités locales en raison de la parution d’articles sur des affaires de corruption impliquant le préfet de la ville.
Deux journaux saisis
Le 28 juin, le procureur général de la Cour de sûreté de l’Etat numéro 5, à Istanbul, ordonne la saisie du quotidien islamiste Akit pour « incitation à la haine et à l’hostilité par voie de discrimination raciale, religieuse et régionale », comme le stipule l’article 312 du code pénal turc. L’article incriminé critiquait l’hommage rendu par une partie des médias à Güven Erkaya, un militaire qui, en 1997, s’en était pris violemment aux milieux islamistes.
Le 24 juin, un numéro de l’hebdomadaire prokurde Roja Teze est saisi par le procureur de la Cour de sûreté de l’Etat numéro 3 d’Istanbul, en raison de la parution de deux articles contenant les termes : « mouvement kurde », « Kurdistan », « Kurdistan indépendant », « mouvement national kurde ».
Attaque contre les locaux d’un quotidien
Le 27 juin au matin, des inconnus tirent sur le siège du quotidien Sabah, à Istanbul. La police d’Istanbul a ouvert une enquête afin de retrouver les responsables de cet acte.
Un journaliste condamné
Le 13 juin, le tribunal correctionnel numéro 2 d’Izmir condamne Fikret Ilkiz, rédacteur en chef du quotidien kémaliste Cumhuriyet, à une amende de 140 millions de livres turques (230 euros) avec sursis. Le journaliste avait publié, en octobre 1999, un article sur une conférence de presse donnée par des défenseurs des droits de l’homme qui protestaient contre l’attitude des forces de l’ordre envers les proches des détenus politiques. Fikret Ilkiz est accusé d’avoir « porté atteinte au libre déroulement de la justice ». D’abord condamné à un mois et cinq jours de prison, sa peine a été commuée en une amende avec sursis.
Par ailleurs, Reporters sans frontières continue de demander la libération immédiate et inconditionnelle des journalistes Yalçin Küçük, de l’hebdomadaire de gauche Hepileri, arrêté le 29 octobre 1998, et Hasan Özgün, du quotidien d’extrême gauche Özgür Gündem, arrêté le 10 décembre 1993.
L’organisation réclame un procès juste et équitable pour les journalistes Asiye Zeybek Güzel, des hebdomadaires d’extrême gauche Isçinin Yolu et Atilim, arrêtée le 22 février 1997, et Nureddin Sirin, de l’hebdomadaire islamiste Selam, arrêté le 6 février 1997.