(RSF/IFEX) – RSF est scandalisée par le brouillage dont fait l’objet la station privée SW Radio Africa au Zimbabwe depuis le 7 mars 2005. Dans une lettre adressée à l’Union internationale des télécommunications (UIT), RSF a demandé à cet organisme, placé sous contrôle des Nations unies, de se « pencher sérieusement sur cette situation qui constitue […]
(RSF/IFEX) – RSF est scandalisée par le brouillage dont fait l’objet la station privée SW Radio Africa au Zimbabwe depuis le 7 mars 2005.
Dans une lettre adressée à l’Union internationale des télécommunications (UIT), RSF a demandé à cet organisme, placé sous contrôle des Nations unies, de se « pencher sérieusement sur cette situation qui constitue une violation grave des engagements de Harare envers l’ONU ». L’organisation demande notamment au secrétaire général de l’UIT, Yoshio Utsumi, « d’exiger des explications officielles et crédibles au Zimbabwe, Etat membre de l’UIT depuis le 18 février 1981, et, à ce titre, tenu de se conformer aux dispositions de sa Constitution, de sa Convention et de ses Règlements administratifs ».
« Grâce à l’appui de la Chine, qui exporte son savoir-faire répressif, le gouvernement de Robert Mugabe vient de prouver une nouvelle fois qu’il est l’un des prédateurs de la liberté de la presse les plus actifs, a conclu RSF. En pleine campagne électorale, outre son mépris des principes démocratiques généraux de la Southern African Development Community (SADC), le Zimbabwe se moque ouvertement de ses engagements envers l’UIT et les textes de l’ONU dont il est signataire ».
Les émissions en ondes courtes de la station privée SW Radio Africa, basée à Londres et qui emploie des journalistes zimbabwéens en exil, sont brouillées depuis le 7 mars sur le territoire du Zimbabwe. Selon le Media Monitoring Project Zimbabwe (MMPZ), un observatoire indépendant basé à Harare, le brouillage des émissions de cette radio d’opposition est effectué depuis la base aérienne de Thornhill, à l’extérieur de la ville de Gweru, située entre la capitale Harare et Bulawayo, au sud-ouest du pays, où le gouvernement dispose d’une station de transmission. Le Bureau international des émissions (IBB), un organisme public américain, affirme que les équipements utilisés sont originaires de Chine, les deux pays ayant des liens commerciaux très étroits, notamment dans le domaine de la télécommunication.
Selon les observations effectuées le 16 mars par le BBC Monitoring, l’observatoire des médias de la chaîne publique britannique, les trois émissions quotidiennes de SW Radio Africa ont été « délibérément brouillées ». L’émission de 16h00 GMT sur 11 845 kHz a été couverte par une tonalité de 1 kHz. Les émissions de 17h00 et 18h00 GMT ont été perturbées par un brouilleur de type « rotatif ». La présence de brouillage n’a été constatée que pendant les périodes d’émission de SW Radio Africa.
Les règlements des radiocommunications de l’UIT définit le « brouillage » comme étant l' »effet sur la réception, dans un système de radiocommunication, d’une énergie non désirée due à une émission, à un rayonnement ou à une induction (ou à une combinaison de ces émissions, rayonnements ou inductions), se manifestant par une dégradation de la qualité de transmission, une déformation ou une perte de l’information que l’on aurait pu extraire en l’absence de cette énergie non désirée ».
L’annexe 1003 de la Constitution de l’UIT définit comme un « brouillage préjudiciable » celui « qui interrompt de façon répétée ou empêche le fonctionnement d’un service de radiocommunication ».