(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 30 juillet 2003 : Rapport d’enquête Reporters sans frontières critique les enquêtes, bâclées et sans suite, menées par l’armée israélienne sur les cas de journalistes tués dans les Territoires occupés Reporters sans frontières publie, le 29 juillet 2003, un rapport d’enquête sur « L’attitude de […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 30 juillet 2003 :
Rapport d’enquête
Reporters sans frontières critique les enquêtes, bâclées et sans suite, menées par l’armée israélienne sur les cas de journalistes tués dans les Territoires occupés
Reporters sans frontières publie, le 29 juillet 2003, un rapport d’enquête sur « L’attitude de l’armée israélienne : Des regrets, mais pas de véritables enquêtes, encore moins de sanctions », concernant les circonstances de la mort de Nazeh Darwazi, cameraman palestinien, tué à Naplouse le 19 avril 2003, et de James Miller, documentariste britannique, tué dans la bande de Gaza le 2 mai 2003.
Reporters sans frontières déplore le manque flagrant de sérieux et de détermination des enquêtes de l’armée israélienne. De réelles investigations, qui pourraient donner lieu à des poursuites et à des sanctions, doivent être menées par la Police militaire sur la mort des deux journalistes tués en 2003 dans les Territoires occupés.
L’organisation de défense de la liberté de la presse conclut que l’enquête sur la mort de Nazeh Darwazi a été bâclée. Les témoins disposés à parler n’ont pas été entendus. Aucune conclusion n’a été rendue publique depuis plus de trois mois. L’affaire a très probablement été classée par le procureur militaire alors que les soupçons d’infraction au règlement nécessitaient une investigation de la Police militaire. Dans le cas de James Miller, de nationalité britannique, la pression du gouvernement britannique et de la famille contraignent l’armée israélienne à poursuivre l’enquête. Mais des lenteurs injustifiables et des déclarations erronées de la part d’officiers supérieurs de l’armée ont été observées. Les lieux du drame auraient été volontairement modifiés, ce qui rendrait aujourd’hui une reconstitution impossible. La déposition d’un des principaux témoins vient seulement d’être enregistrée. En outre, il s’agit d’une enquête interne dénuée de transparence. La Police militaire n’a toujours pas été convoquée, près de trois mois après les faits, alors qu’une bavure semble avoir été commise.
Concernant la mort de Nazeh Darwazi, l’organisation de défense de la liberté de la presse a établi qu’un soldat israélien aurait procédé, sans visibilité et sans justification, à un tir ayant entraîné la mort du cameraman. L’action se voulait vraisemblablement un tir de sommation, excluant l’hypothèse d’une intention criminelle. Cependant, la manière de procéder au tir constitue une infraction au règlement, ce qui justifie l’ouverture d’une enquête par la Police militaire. Des sanctions devraient, le cas échéant, être prises contre l’auteur du tir et son supérieur hiérarchique.
Concernant la mort de James Miller, Reporters sans frontières réclame plus de transparence et de diligence du côté de l’armée israélienne. Les armes de l’unité de soldats impliquée dans les faits devraient être rapidement testées, même si des doutes pèsent sur les armes fournies pour l’instant. Selon la procédure en place, le procureur militaire devrait immédiatement confier l’enquête à la Police militaire puisqu’un fort soupçon d’infraction au règlement existe.
Si, dans les deux cas, la thèse de la légitime défense devait se révéler fausse, comme l’indique le rapport de Reporters sans frontières, l’armée israélienne serait tenue de prendre des sanctions contre les responsables de ces négligences, erreurs ou exactions, aux conséquences tragiques. Il est impératif que ces sanctions soient annoncées publiquement afin que les journalistes puissent continuer à travailler dans les territoires occupés sans craindre pour leur vie. Il y va de la lutte contre le sentiment d’impunité qui règne aujourd’hui chez certains soldats. Et de la sécurité des journalistes et de la liberté d’information des médias sur le conflit israélo-palestinien.
Nazeh Darwazi, cameraman palestinien travaillant pour l’agence de presse américaine APTN, a été tué le 19 avril 2003 à Naplouse. James Miller, documentariste britannique de la maison de production Frostbite, a été tué le 2 mai 2003 à Rafah, au sud de la bande de Gaza. Tous deux étaient identifiables comme cameramen grâce à leurs vêtements. Ils étaient accompagnés de plusieurs témoins qui affirment que l’armée israélienne a fait feu sans raison particulière.
Ces dernières morts portent à cinq le nombre de professionnels des médias tués depuis septembre 2000 alors qu’ils couvraient l’actualité dans les Territoires occupés. Une soixantaine de journalistes ont été blessés par balles depuis le début de la seconde Intifada.
Le rapport est consultable sur le site http://www.rsf.org