(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières demande aux autorités chinoises de libérer Dhondup Wangchen, réalisateur d’un documentaire sur le Tibet, et Jigme Gyatso, son ami et caméraman. Ils sont injustement détenus depuis mars 2008 pour avoir recueilli des témoignages de Tibétains, notamment dans la région de l’Amdo. « Le cas de Dhondup Wangchen et Jigme Gyatso illustre […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières demande aux autorités chinoises de libérer Dhondup Wangchen, réalisateur d’un documentaire sur le Tibet, et Jigme Gyatso, son ami et caméraman. Ils sont injustement détenus depuis mars 2008 pour avoir recueilli des témoignages de Tibétains, notamment dans la région de l’Amdo.
« Le cas de Dhondup Wangchen et Jigme Gyatso illustre tragiquement le sort des Tibétains qui prennent le risque de collecter des témoignages sur la situation dans la province himalayenne. Le gouvernement chinois a décidé de rouvrir le Tibet aux touristes étrangers. Il doit aujourd’hui faire preuve de clémence vis-à-vis de ceux qui sont emprisonnés pour des délits d’opinion », a affirmé l’organisation.
Lors d’un entretien accordé à Reporters sans frontières, l’épouse de Dhondup Wangchen, Lhamo Tso, a déclaré qu’elle ne connaissait toujours pas les motifs exacts de la détention de son mari. Résidant à Dharamsala, en Inde, Lhamo Tso affirme que lorsque son mari est reparti au Tibet en octobre 2007, il était resté discret sur les objectifs de son voyage. Après avoir perdu le contact avec lui, elle a été informée, fin mars 2008, que Dhondup Wangchen et Jigme Gyatso avaient été arrêtés le 23 mars dans la région de Siling.
Restée seule à Dharamsala avec ses quatre enfants, Lhamo Tso doit aussi subvenir aux besoins des parents de son mari: « Je me lève la nuit pour fabriquer le pain que je vends moi-même ». Mais c’est « mentalement plus que physiquement que la pression est trop forte (. . .) Je dois affronter de grandes difficultés, mais le problème majeur reste que mon mari est en prison ».
Pour Lhamo Tso, son mari connaissait les risques qu’il encourait en tournant ce documentaire: « Oui, il savait. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’aime pas sa famille et ses parents. Il l’a fait pour le peuple tibétain et le Tibet ».
Le film tiré du travail de Dhondup Wangchen et Jigme Gyatso est un documentaire de vingt-cinq minutes intitulé « Leaving Fear Behind » ( http://www.leavingfearbehind.com ) dans lequel se succèdent des témoignages de Tibétains de la région de l’Amdo qui expriment leur point de vue sur le dalaï-lama, les Jeux olympiques et la loi chinoise. Après avoir réussi à envoyer les cassettes à l’étranger, Dhondup Wangchen a été arrêté par les forces de sécurité. Le réalisateur et son caméraman sont actuellement en prison et leurs familles sont sans nouvelles d’eux depuis cinq mois et demi.
Dhondup Wangchen, né en 1974 dans la région de l’Amdo, a travaillé avec son ami, Jigme Gyatso, moine originaire de la région du Kham.
Lhamo Tso affirme que son mari a toujours été « un homme très actif et qu’il a toujours voulu faire quelques chose pour le Tibet ». « Il est très difficile pour les Tibétains de se rendre à Pékin et de s’exprimer librement. C’est pourquoi nous avons décidé de montrer les vrais sentiments du peuple tibétain dans un documentaire », expliquait Dhondup Wangchen avant d’être arrêté.
Ce documentaire qui a été projeté à des journalistes étrangers pendant les Jeux olympiques de Pékin, montre des Tibétains désabusés par la détérioration et la marginalisation de leur langue et de leur culture. Il dénonce la destruction des modes de vie des nomades à travers des politiques de relocalisations forcées, le manque de liberté de religion et les attaques contre le dalaï lama, et les promesses non tenues d’amélioration de la situation au Tibet faites avant les Jeux olympiques par le gouvernement chinois.
En 2002, Ngawang Choephel, ethnomusicologue tibétain et réalisateur de documentaires, avait été libéré pour des « raisons médicales » de la prison de Chengdu (Chine) après avoir passé six ans en prison. Il avait été condamné à dix-huit ans de prison pour « subversion », « espionnage » et « activités contre-révolutionnaires ».