Les électeurs tunisiens ont été privés de nouvelles et d’opinions indépendantes pendant la récente campagne électorale, au terme de laquelle le président Zine el Abidine Ben Ali a été reconduit dans ses fonctions, indique Reporters sans frontières (RSF). Les 4,6 millions d’électeurs du pays admissibles à voter n’ont eu droit « qu’à une information tronquée, […]
Les électeurs tunisiens ont été privés de nouvelles et d’opinions indépendantes pendant la récente campagne électorale, au terme de laquelle le président Zine el Abidine Ben Ali a été reconduit dans ses fonctions, indique Reporters sans frontières (RSF).
Les 4,6 millions d’électeurs du pays admissibles à voter n’ont eu droit « qu’à une information tronquée, monocorde et pompeuse » présentée par des médias « étroitement encadrés et surveillés par les autorités », dit ce groupe membre de l’IFEX. Ben Ali a été réélu pour un quatrième mandat le 24 octobre 2004, après avoir remporté un raz de marée que l’opposition a décrit comme frauduleux. Le gouvernement a déclaré que Ben Ali avait reçu près de 95 pour 100 du vote populaire.
Selon RSF, la situation de la liberté de la presse rend virtuellement impossible la tenue d’élections libres et transparentes en Tunisie. Le code de presse du pays prévoit en effet de fortes amendes ou de lourdes peines de prison contre ceux qui écrivent des articles ouvertement critiques du gouvernement. Voilà qui conduit à l’autocensure chez les journalistes, dit RSF.
Selon une analyse de la couverture de l’élection par les médias, réalisée par l’International Media Support (IMS), Ben Ali et son parti, le Rassemblement démocratique constitutionnel, ont reçu une part disproportionnée de temps et d’espace dans les médias par rapport aux autres candidats et partis. « Le président sortant jouissait d’un avantage sans équivoque tant dans la couverture de la presse privée que dans celle de la presse d’État », souligne-t-on dans l’analyse. La couverture du président a aussi été outrageusement positive.
En particulier, les influents radiodiffuseurs appartenant à l’État tunisien ont fait défaut de se conformer aux obligations fondamentales en matière de couverture équilibrée et équitable des partis et des candidats, selon l’analyse. Cela veut dire que les électeurs se sont vu refuser le droit d’être informés des alternatives politiques et des questions d’intérêt public.
La Tunisie devrait accueillir en novembre 2005 la deuxième session du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), que parrainent les Nations Unies. Un grand nombre des membres de l’IFEX ont exprimé leur inquiétude devant le piètre dossier du gouvernement au chapitre des droits de la personne, et ont demandé aux Nations Unies de déplacer le sommet vers un autre pays, à moins que la Tunisie n’améliore substantiellement les conditions d’exercice de la libre expression.
Consulter :
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=11687
– Analyse par l’IMS de la couverture médiatique de l’élection : http://www.tunezine.com/article.php3?id_article=513
– Déclaration conjointe de l’IFEX sur le SMSI : http://ifex.org/en/content/view/full/59921/
– International Media Support : http://www.i-m-s.dk/
– Profil de la Tunisie par la BBC : http://news.bbc.co.uk/2/hi/middle_east/country_profiles/791969.stm#media
(© Human Rights Watch)