Avec des élections nationales prévues en mars 2005 au Zimbabwe, le gouvernement du président Robert Mugabe, rompu aux affrontements, affirme clairement que la couverture critique de l’actualité ne sera pas tolérée dans les médias. Le parlement a adopté en effet des modifications à la Loi sur l’accès à l’information et la protection de la vie […]
Avec des élections nationales prévues en mars 2005 au Zimbabwe, le gouvernement du président Robert Mugabe, rompu aux affrontements, affirme clairement que la couverture critique de l’actualité ne sera pas tolérée dans les médias. Le parlement a adopté en effet des modifications à la Loi sur l’accès à l’information et la protection de la vie privée (AIPPA), déjà répressive, modifications qui allongent les peines de prison prévues et augmentent les amendes pour les journalistes pris à travailler sans accréditation gouvernementale.
Aux termes de la Loi telle qu’elle a été modifiée, les individus sont passibles d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à deux ans et d’amendes allant jusqu’à 200 000 $ du Zimbabwe (35 $ US), rapportent l’Institut des médias d’Afrique australe (MISA) et Reporters sans frontières (RSF).
La Loi limite en outre les journalistes accrédités à travailler pour un seul média, ce qui, de l’avis du MISA, vise à décourager les journalistes pigistes indépendants de travailler pour des médias étrangers, plus critiques du gouvernement que les médias locaux.
L’AIPPA exige déjà de tous les journalistes du Zimbabwe qu’ils s’inscrivent à un registre tenu par une Commission des médias et de l’information, organisme dont les membres sont désignés par le gouvernement. Cette réglementation, disent les groupes de défense de la libre expression, contrevient aux normes internationales relatives aux droits de la personne. La loi interdit aussi aux journalistes étrangers de travailler dans le pays.
Depuis deux ans qu’elle est en vigueur, l’AIPPA a réussi à saper la liberté d’expression au Zimbabwe, disent le MISA et ARTICLE 19. Dans un rapport rendu public récemment, les deux groupes font remarquer que le seul quotidien indépendant du Zimbabwe, le « Daily News », est interdit et que la perspective de son retour dans les rues dans un avenir prévisible semble peu probable.
Des dizaines de journalistes ont subi directement des mesures de harcèlement judiciaire, la plupart prenant la forme de courtes périodes de détention. Le système d’attribution de permis aux journalistes, ayant été jugé constitutionnel par la Cour suprême, devrait vraisemblablement jouer un rôle croissant en visant directement ceux qui osent critiquer le parti au pouvoir et le gouvernement.
De nombreuses organisations internationales, dont l’Union européenne, le Commonwealth et Amnistie Internationale, dénoncent l’AIPPA, dans laquelle elles voient une mesure illégale et antidémocratique.
Lire le dossier du MISA et d’ARTICLE 19 « The Access to Information and Protection of Privacy Act: Two Years On » [La loi sur l’accès à l’information et la protection de la vie privée a deux ans], à : http://www.article19.org/docimages/1862.doc
Consulter :
– MISA : http://www.misa.org/
– ARTICLE 19 : http://www.article19.org
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=11828
– Les médias indépendants recourent à l’Internet pour éviter la censure : http://www.rap21.org/article18347.html
– Une récompense du CJFE rend hommage au Daily News : http://www.cjfe.org/releases/2004/041024-awards.html
– The Daily News Online : http://www.daily-news.co.za/