Au Zimbabwe, les autorités ont procédé à une descente dans les bureaux du seul quotidien indépendant du pays, le « Daily News », ce qui a déclenché cette semaine une tempête de protestations de la part des membres de l’IFEX. Vingt policiers armés sont entrés le 12 septembre dans les bureaux du journal et ont […]
Au Zimbabwe, les autorités ont procédé à une descente dans les bureaux du seul quotidien indépendant du pays, le « Daily News », ce qui a déclenché cette semaine une tempête de protestations de la part des membres de l’IFEX. Vingt policiers armés sont entrés le 12 septembre dans les bureaux du journal et ont ordonné l’évacuation de l’immeuble, rapporte le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Le rédacteur en chef du « Daily News », Nqobile Nyathi, s’est fait dire de se rapporter au commissariat de police principal de Harare.
Le raid est survenu le lendemain du jour où la Cour suprême du Zimbabwe a décidé dans un jugement que le « Daily News » violait la Loi sur l’accès à l’information et la protection de la vie privée (Access to Information and Protection of Privacy Act, AIPPA) en agissant sans immatriculation, dit le CPJ.
L’AIPPA, dont de nombreux groupes de défense de la libre expression ont condamné le caractère draconien, oblige en effet tous les médias à s’immatriculer auprès de la Commission des médias et de l’information (MIC), désignée par le gouvernement. Les médias sont forcés de dévoiler des précisions sur leurs plans d’affaires et de révéler l’affiliation politique des directeurs de leur société, dit le CPJ.
L’Institut des médias d’Afrique australe (MISA) rapporte toutefois que même si le « Daily News » s’inscrivait à la MIC, il ne serait pas autorisé à rester ouvert. Le président de la MIC, Tafataona Mahoso, a déclaré le 15 septembre que le journal resterait fermé « indéfiniment ». Depuis le jugement de la Cour suprême, le journal a déposé une demande à la MIC.
Selon ARTICLE 19, la société propriétaire du « Daily News », l’Associated Newspapers of Zimbabwe, qui conteste la constitutionnalité de l’AIPPA, s’est fait dire par le juge en chef de la Cour suprême qu’elle devait s’immatriculer à la MIC avant d’entamer ses démarches judiciaires.
Le CPJ, ARTICLE 19 et le MISA se sont joints à la Fédération internationale des journalistes, à Cartoonists Rights International, à Reporters sans frontières, à l’Association mondiale des journaux et à l’Institut international de la presse afin de dénoncer l’action du gouvernement zimbabwéen.
C’est la première fois depuis le milieu des années 1960 qu’un journal est interdit au Zimbabwe, fait remarquer le MISA. Ironiquement, le journal qui l’avait été à l’époque par l’ancien gouvernement de la minorité blanche portait le même nom. Depuis son lancement en 1999, le « Daily News » contemporain a été la cible de trois attentats à la bombe, tandis qu’un grand nombre d’employés ont été incarcérés, agressés et harcelés, dit le MISA.
Pour avoir des mises à jour sur le Zimbabwe, aller à : http://ifex.org/fr/content/view/full/507/