Tandis que s’amplifient les protestations de l’opposition en vue de forcer le président Jean-Bertrand Aristide à quitter le pouvoir, les médias en ressentent la pression, selon ce que rapportent le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF). Le 13 janvier, des individus armés ont saboté une installation de retransmission radio […]
Tandis que s’amplifient les protestations de l’opposition en vue de forcer le président Jean-Bertrand Aristide à quitter le pouvoir, les médias en ressentent la pression, selon ce que rapportent le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF).
Le 13 janvier, des individus armés ont saboté une installation de retransmission radio à Bouthilliers, en banlieue de la capitale, Port-au-Prince, dit le CPJ. Les assaillants ont ligoté le gardien de sécurité et détruit les transmetteurs de neuf stations de radio et de télévision, dont sept sont des stations de radio privées. L’attentat a paralysé les radiodiffuseurs pendant plusieurs jours.
Les sept stations de radio touchées étaient Radio Commerciale, Radio Plus, Radio Kiskeya, Magic Stereo, Signal FM, Mélodie FM, Radio Ti Moun et Radio Galaxie. Radio Ti Moun et Télé Ti Moun, qui appartiennent à la Fondation du président Aristide pour la démocratie, ont aussi été évincées des ondes. Le propriétaire de Magic Stereo a déclaré que les dommages étaient évalués à plus de 400 000 $ US, indique RSF.
Signal FM et Radio Kiskeya ont donné une couverture étendue aux manifestations de l’opposition contre Aristide, qui ont dégénéré en violence. Depuis septembre 2003, au moins 40 personnes ont perdu la vie dans des manifestations, dit le CPJ. L’attentat a touché également Radio Commerciale et Mélodie FM, qui sont considérées comme sympathiques au parti du président Aristide, Fanmi Lavalas.
L’instabilité politique fait du journalisme une profession de plus en plus précaire en Haïti. Le 15 janvier, les manifestants de l’opposition ont mis le feu aux studios de Radio Pyramide et de Radio America, rapporte RSF. Radio Pyramide a été visée parce qu’elle aurait eu des liens étroits avec Fanmi Lavalas. Par ailleurs, en décembre 2003, six journalistes de Radio Ti Moun et de Télé Ti Moun ont dû fuir Haïti après avoir fait des révélations sur la direction, qu’ils avaient notamment accusé de leur faire volontairement courir des risques.
L’Organisation des États américains (OEA) s’est prononcée sur la situation. Son Rapporteur spécial pour la liberté d’expression, Eduardo Bertoni, presse le gouvernement haïtien de garantir la sûreté des journalistes, de faire enquête en profondeur et de traduire devant les tribunaux ceux qui les agressent. Selon Bertoni, l’impunité constitue un problème grave en Haïti, auquel il faut s’attaquer.
Consulter les sites suivants :
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=9049
– CPJ : http://www.cpj.org/news/2004/Haiti14jan04na.html
– OEA : http://www.oas.org/OASpage/Haiti_situation
(Image: © Human Rights Watch)