Les journalistes continuent d’être tués en grand nombre dans les Amériques, et la grande majorité de ces meurtres restent impunis à cause de l’inaction de l’État, peut-on lire dans une nouvelle étude couvrant une décennie réalisée par la Commission interaméricaine des droits de l’homme (Inter-American Commission on Human Rights, IACHR). Entre 1995 et 2005, 157 […]
Les journalistes continuent d’être tués en grand nombre dans les Amériques, et la grande majorité de ces meurtres restent impunis à cause de l’inaction de l’État, peut-on lire dans une nouvelle étude couvrant une décennie réalisée par la Commission interaméricaine des droits de l’homme (Inter-American Commission on Human Rights, IACHR).
Entre 1995 et 2005, 157 journalistes ont été assassinés dans 19 pays des Amériques pour des raisons probablement reliées à leur travail. À la fin de 2007, seulement 32 de ces cas avaient débouché sur des condamnations, indique le Bureau du Rapporteur spécial de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (IACHR) sur la liberté d’expression.
Dans l’étude, les enquêtes sur ces meurtres avancent à un rythme excessivement lent; la plupart d’entre elles présentent de graves déficiences dans la façon dont elles sont menées. Des 32 cas où il y a eu quelque type de condamnation, la peine n’a pas toujours été appliquée, et les personnes responsables de ces crimes n’ont pas non plus été châtiées.
Le plus grand nombre de meurtres s’est produit en Colombie, où 75 reporters ont été tués. Seulement sept de ces affaires ont abouti à des condamnations. Le Brésil arrive au second rang, avec 23 journalistes assassinés, et neuf condamnations. Pas très loin derrière arrive le Mexique, avec 20 reporters assassinés et seulement quatre condamnations.
Le Bureau du Rapporteur spécial sur la liberté d’expression exige que les pays membres de l’OEA accordent « la plus haute priorité politique à la confrontation et à la résolution de l’impunité qui entoure l’assassinat des journalistes », à partir d’enquêtes en profondeur sur ces affaires et du châtiment réel des auteurs de ces crimes, qu’il s’agisse d’agents de l’État ou de particuliers.
« Nous sommes au fait qu’un grand nombre de ces meurtres pourraient être reliés au trafic de drogue, à d’autres formes du crime organisé, aux éléments paramilitaires et à des groupes dissidents armés », indique le Rapporteur spécial Ignacio Álvarez. « Il incombe cependant aux États d’enquêter sur ces affaires et de châtier les responsables par l’entremise de leurs tribunaux et d’autres entités compétentes. L’impunité est la responsabilité des États », dit-il.
Lire l’« Étude spéciale sur le statut des enquêtes sur les meurtres de journalistes » (Special Study on the Status of Investigations into the Murder of Journalists) à : http://tinyurl.com/6hcp5v
(1 avril 2008)