Le Président du Soudan, Omar Hassan Al Bashir, vient de lever l’état d’urgence à la suite de la ratification d’une nouvelle constitution. Informés de ce geste, les journalistes du pays affichent un optimisme prudent, indique Reporters sans frontières (RSF). Al Bashir a levé l’état d’urgence le 10 juillet 2005, le lendemain de la ratification d’une […]
Le Président du Soudan, Omar Hassan Al Bashir, vient de lever l’état d’urgence à la suite de la ratification d’une nouvelle constitution. Informés de ce geste, les journalistes du pays affichent un optimisme prudent, indique Reporters sans frontières (RSF).
Al Bashir a levé l’état d’urgence le 10 juillet 2005, le lendemain de la ratification d’une nouvelle constitution élaborée avec l’ancien chef rebelle et nouveau vice-président John Garang, en présence du Secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan et de dignitaires d’Afrique, d’Europe et des États-Unis.
La levée de l’état d’urgence, en vigueur depuis 1989, met effectivement fin aux restrictions qu’Al Bashir avait imposées à la presse. Les lois visaient essentiellement les journaux du Soudan. L’actuel conflit au Darfour, où l’état d’urgence est en vigueur, n’est pas inclus dans l’entente de paix.
Selon un reportage de l’Associated Press, la nouvelle constitution prévoit une meilleure protection de la liberté d’expression et des garanties de la liberté de publication et de la presse « sans préjudice […] comme le stipule la loi ». Bien que le libellé puisse permettre à un organisme de surveillance d’interpréter ce que peut permettre la « loi », la nouvelle constitution est plus ouverte que la précédente.
Dans une affaire récente faisant lieu de cause type, l’armée soudanaise a entamé des poursuites judiciaires le 14 juillet contre le journal « Al-Ayam » pour avoir publié un article que l’armée considère comme avilissant à l’égard des militaires. Auparavant, une plainte officielle contre une publication pouvait entraîner la suspension immédiate du journal.
Le service de sécurité nationale du Soudan a rendu publique une déclaration dans laquelle il est dit que les médias « devraient jouer leur rôle national sans qu’il soit nécessaire de leur imposer quelque restriction ».
RSF estime toutefois que de nombreux journalistes restent sceptiques quant à la volonté du gouvernement de protéger la liberté de la presse. Un quotidien de langue anglaise, le « Khartoum Monitor », ne peut paraître depuis le 12 juin, soit depuis qu’un juge de la Haute cour a annulé son permis. Le président du conseil d’administration du journal, Alfred Taban, a déclaré au Comité pour la protection des journalistes (CPJ) ne savoir à quoi s’en tenir quant aux motifs de cette annulation, mais il a noté que le journal avait publié un article sur des violences dans un camp de personnes déplacées situé à l’extérieur de Khartoum. Le reportage avait irrité les autorités parce qu’il démentait la version officielle des événements, et la police avait confisqué l’édition entière du journal.
Jusqu’à la signature récente d’un traité de paix entre le Mouvement populaire de Libération du Soudan (SPLM), de Garang, et l’homme fort de l’armée Al Bashir, le pays était embourbé depuis deux décennies dans un conflit qui a fait plus de deux millions de morts.
Consulter :
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=14386
– CPJ : http://www.cpj.org/news/2005/Sudan14june05na.html
– Article 19 : http://ifex.org/en/content/view/full/66083
– BBC : http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/middle_east/country_profiles/820864.stm
– AP: http://www.sudantribune.com/article.php3?id_article=10645