(IFEX-TMG) – Ci-dessous, un communiqué de presse de l’IFEX-TMG daté du 23 octobre 2008: Le TMG dénonce les restrictions et les attaques contre les défenseurs des droits et les sites web Les membres du Groupe d’observation de la Tunisie (TMG), une coalition de 18 organisations de défense de la liberté d’expression appartenant au réseau de […]
(IFEX-TMG) – Ci-dessous, un communiqué de presse de l’IFEX-TMG daté du 23 octobre 2008:
Le TMG dénonce les restrictions et les attaques contre les défenseurs des droits et les sites web
Les membres du Groupe d’observation de la Tunisie (TMG), une coalition de 18 organisations de défense de la liberté d’expression appartenant au réseau de l’Échange international de la liberté d’expression (IFEX), s’inquiètent des attaques récentes dirigées contre les défenseurs des droits de la personne et les représentants des médias indépendants en Tunisie. Le TMG croit que ces attaques s’inscrivent dans un projet plus vaste d’intimidation des journalistes et des défenseurs de la liberté des médias, que pratiquent les autorités tunisiennes dans le but de limiter la liberté d’expression dans le pays.
Le TMG a été informé que le site web de « Kalima » ( http://www.kalimatunisie.com ), un journal en ligne indépendant qui, depuis 2000, tente en vain de s’enregistrer dans le pays, a subi récemment une attaque par des saboteurs qui en ont complètement détruit le contenu. Les dommages ont été tellement graves que les webmestres de « Kalima » sont incapables d’accéder au site depuis le 8 octobre, et qu’il leur faudra reconstruire le site au complet. Nous sommes heureux de savoir que « Kalima » sera relancé et nous espérons qu’il ne sera pas détruit de nouveau.
Il est déconcertant de constater que le site web de « Kalima », qui a été relancé récemment comme plate-forme et archives multimédias et qui pourrait constituer pour les citoyens tunisiens une très importante source de renseignements, compte parmi plusieurs sites web indépendants, tunisiens et étrangers, ayant un contenu politique ou centré sur les droits de la personne qui, depuis plusieurs années, sont rendus inaccessibles par intermittence aux usagers de l’Internet en Tunisie.
De plus, les membres du TMG condamnent avec force les attaques récentes perpétrées par des officiers en civil de la police politique contre la rédactrice-en-chef et fondatrice de « Kalima », Sihem Bensedrine, qui dirige également l’Observatoire pour la Défense de la Liberté de la Presse, de l’Édition et de la Création (OLPEC), le groupe membre de l’IFEX en Tunisie. Bensedrine a subi des agressions physiques et verbales au centre-ville de Tunis tandis qu’elle se rendait à un rassemblement de solidarité en faveur de l’écrivaine et militante Zakia Dhifaoui, qui purge actuellement une peine de huit mois de prison à cause de son travail de défense des droits de la personne.
Commentant l’incident, le président du TMG et directeur associé de Index on Censorship, Rohan Jayasekera, a déclaré : « L’intolérance des autorités tunisiennes à l’égard des opinions non violentes et indépendantes est bien connue et bien documentée, et de plus en plus condamnée par les partenaires internationaux de la Tunisie. Et pourtant, ce genre de comportement de fier-à-bras continue de prévaloir. »
Naziha Rjiba, vice-présidente de l’OLPEC et écrivaine bien connue, subit à l’heure actuelle des pressions croissantes. Nous sommes alarmés d’apprendre qu’elle a été convoquée à comparaître devant un procureur public le 27 octobre, parce qu’elle a publié dans l’hebdomadaire d’opposition « Mouatinoun » un article d’opinion très acerbe sur la destruction de « Kalima », article dans lequel elle accusait les autorités tunisiennes d’être à l’origine de l’attaque. Le numéro du 22 octobre de « Mouatinoun » est interdit.
Le mari de Rjiba, Mokhtar Jallali, qui est membre du Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT), est actuellement en prison après avoir été impliqué dans un tragique accident de la circulation dont il n’était pas responsable. Selon le CNLT, il est détenu pour régler des comptes avec les défenseurs des droits parce que Jallali est membre du CNLT et le mari de Rjiba, dont le nom de plume est Om Zied. Pour le CNLT, « la famille a déjà reçu des menaces indirectes à sa sécurité et à sa liberté ».
Lors d’un incident distinct survenu cette semaine, l’écrivain sur Internet, juriste et militant des droits de la personne Mohammed Abbou a été empêché par les autorités de l’immigration de quitter la Tunisie. Le 22 octobre, Abbou était sur le point de monter à bord d’un avion à destination de Paris pour participer à une émission en direct retransmise par la station de télévision par satellite Al-Jazirah, basée au Qatar, lorsque la police de l’immigration l’en a empêché au motif qu’il n’avait pas la preuve documentaire que sa période de libération conditionnelle avait expiré.
Abbou a été condamné en 2005 à 18 mois de prison pour « avoir publié des informations susceptibles de troubler l’ordre public » et pour avoir « insulté la magistrature » dans un article affiché en août 2004 sur le site web Tunisnews, ainsi qu’à deux ans pour un incident qui se serait produit en 2002 lors d’une conférence. Il a été libéré en juillet 2007, et sa période de libération conditionnelle a pris fin en août 2008.
Les membres du TMG prient instamment le président Zine El Abidine Ben Ali et les autorités gouvernementales de respecter les obligations internationales de la Tunisie en matière de droits de la personne, ainsi que ses engagements à l’égard de la liberté d’expression et de la liberté d’accès à l’information, comme le rapportaient les documents définitifs du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), qui s’est déroulé à Tunis du 16 au 18 novembre 2005.
Le TMG a écrit à Frank La Rue, le nouveau Rapporteur spécial des Nations Unies pour la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression, pour lui demander de suivre de près la situation et de se rendre en Tunisie ( voir:
http://ifex.org/download/fr/TMG_LaRue_lettrefrancais_Oct2008.pdf )
Membres du TMG de l’IFEX:
Réseau d’information arabe des droits de l’Homme (ANHRI), Égypte
ARTICLE 19, Royaume-Uni
Journalistes canadiens pour la liberté d’expression (CJFE), Canada
Cartoonists Rights Network (CRN), États-Unis
Organisation égyptienne pour les droits de l’Homme (EOHR), Égypte
Index on Censorship, Royaume-Uni
Fédération internationale des journalistes (FIJ), Belgique
Fédération internationale des associations et institutions de bibliothèques (IFLA), Pays-Bas
Institut international de la presse (IIP), Autriche
Union internationale des éditeurs (UIE), Suisse
Journaliste en danger (JED), République démocratique du Congo
Fondation Maharat, Liban
Media Institute of Southern Africa (MISA), Namibie
Centre PEN norvégien, Norvège
Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC), Canada
Association mondiale des journaux (AMJ), France
World Press Freedom Committee (WPFC), États-Unis
Comité des écrivains en prison de PEN International (WiPC), Royaume-Uni