Coup d'oeil sur la situation de la liberté de la presse dans le pays hôte des célébrations de la Journée mondiale de la liberté de la presse.
Pourquoi l’UNESCO organise-t-elle les célébrations de la Journée mondiale de la liberté de la presse au Costa Rica?
La décision qui a été prise par l’UNESCO et le gouvernement du Costa Rica de tenir conjointement les célébrations de la Journée mondiale de la liberté de la presse à San Jose, au Costa Rica, du 2 au 4 mai 2013 a été annoncée le 8 février 2013 par la présidente du Costa Rica Laura Chinchilla, qui a salué l’engagement de son pays à protéger la liberté d’expression et la liberté de la presse. L’ordre du jour du congrès de cette année sera axé sur la mise en oeuvre du Plan d’Action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité, qui portera aussi une attention particulière sur l’Amérique latine. Alors que certains pays d’Amérique latine, comme le Mexique et le Honduras, figurent parmi les plus dangereux du monde pour les journalistes qui y travaillent, d’autres pays de la région ont réalisé d’importants progrès en matière de protection de la liberté d’expression et de garantie de la sécurité des journalistes. Comme l’explique la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova : “Un événement à forte visibilité comme la Journée mondiale de la liberté de la presse va contribuer à mettre en lumière les réalisations accomplies par le Costa Rica et par l’ensemble de l’Amérique latine à cet égard et va signaler leur ferme détermination à défendre la liberté d’expression et la liberté de la presse.”
Comment le Costa Rica se compare-t-il aux autres pays ?
Le Costa Rica arrive en tête en Amérique latine – Reporters sans frontières (RSF) qualifie le pays de “phare des droits de la personne au milieu de l’anarchie qui règne souvent en Amérique centrale” – et réussit mieux à protéger la liberté de la presse que bien des nations développées démocratiques, dont les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie. Le Costa Rica arrive 18e à l’Index de 2013 de la Liberté de la presse de RSF, où il gagne un rang par rapport à 2012, alors qu’aucun journaliste, travailleur des médias ou citoyen du net n’a été tué ou emprisonné. Tout récemment, lors de l’Assemblée générale extraordinaire de l’Organisation des États américains (OEA), le 23 mars 2013, le Costa Rica s’est joint à la Colombie, au Panama, à l’Uruguay, au Mexique, à la Jamaïque, au Canada et aux États-Unis et a voté contre les efforts de l’Équateur, soutenu par le Venezuela, la Bolivie et le Nicaragua, pour réformer le Bureau du Rapporteur spécial pour la Liberté d’expression pour la Commission inter-américaine des droits de l’homme (IACHR). Les réformes que proposait l’Équateur auraient affaibli considérablement le rôle du Rapporteur spécial et sa capacité à fonctionner de manière indépendante par rapport aux visées des États membres en matière de promotion de la libre expression et de protection des journalistes dans la région.
Les journalistes du Costa Rica ont-ils toujours joui de ce degré de liberté de la presse ?
Bien que la position actuelle du Costa Rica soit encourageante, ce n’est que récemment que le gouvernement a organisé des débats et promulgué des réformes à quelques-unes de ses lois les plus controversées qui contreviennent à la liberté d’expression et à la liberté de la presse, en particulier dans le domaine de la diffamation. Un certain nombre de journalistes, dont Nicolás Aguilar Ramírez de La Nación et José Luis Jiménez Robleto de Diario Extra, ont été incarcérés en vertu de l’article 7 de la Loi de 1902 du Costa Rica sur les imprimeries, qui prévoit des peines d’emprisonnement allant jusqu’à 120 jours pour les journalistes, rédacteurs et propriétaires de médias trouvés coupables de diffamation pénale et d’“insultes”. Les deux journalistes ont vu leurs charges être abandonnées, et la Cour suprême du Costa Rica a fini, le 17 février 2010, par casser les dispositions relatives aux peines de prison prévues pour diffamation pénale.
Le gouvernement du Costa Rica a également adopté le 6 novembre 2012 la Loi sur les crimes de l’information, qui prévoit des peines de prison allant jusqu’à 10 ans pour la publication d’“informations politiques secrètes”. L’article 288 de la nouvelle loi inclut des informations “émanant de corps policiers nationaux ou sur la sécurité portant sur des questions de défense ou sur les relations avec l’étranger,” ou qui touchaient à “la lutte contre le trafic de drogue ou contre le crime organisé”. Suite au tollé général que cette loi a soulevé, le gouvernement a promis que la nouvelle loi ne s’appliquerait pas aux journalistes. La Cour suprême du Costa Rica a fini par suspendre l’article à la suite d’une contestation constitutionnelle déposée par le journaliste Randall Rivera, et, en avril 2013, l’Assemblée nationale a adopté une série de modifications au projet de loi pour éliminer tout l’article portant sur les“informations politiques secrètes”.