C'est une histoire connue qui a toujours la même fin tragique. Anabel Flores Salazar, une journaliste couvrant la criminalité pour le journal "El Sol de Orizaba", a été retrouvée morte, le 9 Février 2016, dans l'État de Puebla, devenant ainsi le 15e journaliste tué à Veracruz depuis 2010.
Comme tant d’autres journalistes mexicains, l’histoire de la disparition d’Anabel Flores Salazar a commencé par son soudain enlèvement par un groupe d’assaillants armés. Journaliste du secteur de la police travaillant dans une région très dangereuse du pays, l’histoire de Anabel Flores Salazar a aussi une fin trop connue : elle a plus tard été retrouvée morte, loin de sa maison.
Flores Salazar, une journaliste couvrant la criminalité pour le journal El Sol de Orizaba, a été retrouvée morte le 9 Février 2016, dans l’État de Puebla, un jour seulement après avoir été enlevée en pleine nuit à son domicile à Veracruz. Elle était connue pour ses reportages sur le cartel local de la drogue Zetas. Toutefois, des membres de la famille n’ont pas fait état des menaces qu’aurait reçu Flores Salazar avant son enlèvement.
Selon le bureau local du membre de l’IFEX ARTICLE 19, les personnes qui ont enlevé Flores Salazar ont fouillé chaque chambre de sa maison jusqu’à ce qu’elles l’aient trouvée. La tante de la journaliste, qui était aussi à la maison en ce moment-là, a déclaré que les hommes armés ont dit à la famille qu’ils avaient un mandat d’arrêt de Flores Salazar.
Après que l’enlèvement a été signalé, le bureau du procureur de Veracruz a publié un communiqué disant qu’ils faisaient tout leur possible pour trouver la journaliste portée disparue. Dans le même communiqué, le bureau a également dit que dans le cadre de leur enquête sur l’enlèvement, ils avaient trouvé un lien entre Flores Salazar et un membre présumé d’un groupe du crime organisé. Selon le bureau du procureur, en aout 2014, elle était en compagnie de Victor Osorio Santacruz dit « El Pantera » quand il a été arrêté pour des liens probables avec le crime organisé. Cependant, la tante de Flores Salazar a dit au Comité pour la protection des journalistes (CPJ) que sa nièce était simplement entrain de manger dans le même restaurant que « El Pantera » lorsque l’arrestation de ce dernier a eu lieu.
Indudablemente @ahelguera #AnabelFloresSalazar #Veracruz pic.twitter.com/5BQLzpKVae
— Pío López Obrador (@piochiapas) February 10, 2016
(Cette caricature montre le gouverneur de Veracruz Javier Duarte disant: « Anabel Flores était en mauvaise compagnie: elle a vécu dans l’état que je gouverne ».)
« Les autorités de Veracruz ont l’habitude de dénigrer le travail des journalistes locaux sans fournir de preuves concrètes de leurs allégations », a commenté Carlos Lauría, coordinateur du programme du CPJ pour les Amériques. Claudio Paolillo de l’Association de Interaméricaine de la presse (IAPA), a ajouté que « les spéculations sur le lien présumé entre la journaliste et le crime organisé … alors qu’elle est toujours portée disparue, a augmenté encore plus le risque pour sa sécurité physique et démontre le manque de professionnalisme et l’indifférence » du bureau du procureur de l’Etat de Veracruz.
Pendant des années, Veracruz a eu affaire à de nombreux cas de journalistes portés disparus et tués. Cette semaine, le bureau du Mexique et de l’Amérique centrale d’ARTICLE 19 a publié un rapport spécial sur les disparitions de journalistes au Mexique. Veracruz est l’un des Etats avec le plus grand nombre de journalistes portés disparus entre 2003 et 2015. Il y a un an, José Moisés Sánchez Cerezo a été porté disparu et plus tard il a été retrouvé mort à Veracruz. En juillet, Rubén Espinosa a fui Veracruz. Seulement, il sera tué plus tard à Mexico City. Avec l’assassinat de Flores Salazar, 15 journalistes de Veracruz ont été tués depuis que le gouverneur Javier Duarte a pris ses fonctions en 2010. Trois autres sont portés disparus.
#AnabelFloresSalazar is the latest victim of the attacks against journalists in #Veracruz. https://t.co/E5zJqpxPXC pic.twitter.com/0MsqLTF6i2
— El Daily Post (@ElDailyPost) February 10, 2016
(Le tweet dit: Les journalistes qui ont travaillé à Veracruz et qui ont été tués pendant l’administration de Javier Duarte #AnabelFloresSalazar est la dernière victime des attaques contre les journalistes à #Veracruz)
José Martínez Sánchez, un porte-parole du bureau du procureur de l’État de Veracruz, a dit au CPJ que les autorités n’ont exclu aucune piste dans l’enquête, mais il reste à voir si cette affaire va être l’une des rares qui va obtenir justice, ou si elle va s’ajouter à la longue liste des cas des journalistes mexicains tués couverts par l’impunité.
En 2015, ARTICLE 19 a documenté 67 attaques contre des journalistes à Veracruz et dit qu’il est le seul endroit le plus dangereux au Mexique pour les journalistes. Selon l’indice 2015 de la liberté de la presse de Reporters sans frontières (RSF), le Mexique est le pays le plus dangereux pour les journalistes de l’hémisphère occidental. RSF demande aux autorités mexicaines de mettre en place des mesures efficaces pour la protection des journalistes, et, pour leur part, ARTICLE 19 et le CPJ ont appelé les autorités fédérales à prendre en charge l’enquête sur cette affaire.