Défendre un droit humain aussi élémentaire que le respect de l'orientation sexuelle s’avérer être un péché mortel au Honduras, comme en témoigne la vague d'attaques et d'assassinats perpétrés contre des militants dans le pays.
« Le principe de ma vie est de croire que je peux réaliser l’impossible ».
Défendre un droit humain aussi élémentaire que le respect de l’orientation sexuelle s’avérer être un péché mortel au Honduras, comme en témoigne la vague d’attaques et d’assassinats perpétrés contre des militants dans le pays.
L’une des victimes les plus récentes était Sherlyn Montoya, une transsexuelle défenseur des droits des individus LGBTI. Montoya a été assassinée le 4 avril 2017 à la périphérie de la capitale, Tegucigalpa. Elle a été torturée avant de mourir.
Pendant un certain nombre d’années, Montoya était membre de l’Association LGBTI Rainbow (Arcoíris) et, au sein de l’organisation, elle était membre du groupe Rainbow Dolls (Muñecas Arcoíris). Les Rainbow Dolls se spécialisent dans la défense des droits LGBTI dans un pays où cette communauté est continuellement confrontée à la persécution, à la discrimination et aux attaques, et où les enquêtes n’aboutissent presque jamais par l’emprisonnement des auteurs.
Osman Cárcamo, le chargé des relations publiques de l’Association LGBTI Rainbow, a déclaré à IFEX: « Elle était une jeune femme irréprochable, je ne connais pas de mauvais comportement de sa part. Elle vivait dans l’un des quartiers les plus dangereux de Tegucigalpa et elle était impliquée dans l’ensemble du processus d’autonomisation de la communauté LGBTI. Elle s’est jetée à corps perdu dans la défense des droits de la communauté et elle soutenait beaucoup de jeunes trans ».
L’assassinat de Montoya a été sévèrement critiqué tant au niveau national qu’international. Le Réseau national des défenseurs des droits humains (En espagnol : Red Nacional de defensoras de Derechos Humanos) et l’Initiative mésoaméricaine des femmes défenseurs des droits humains (En espagnol : Iniciativa Mesoamericana de Mujeres Defensores de Derechos Humanos) ont condamné et refusé d’admettre ce « nouveau crime haineux contre un défenseur des droits de la communauté LGBTI ». Ces organisations ont appelé les autorités honduriennes à mener « une enquête exhaustive et rigoureuse, sans préjugés, afin de traduire les auteurs en justice; et de veiller à ce que des mesures soient prises pour lutter contre le discours haineux, l’intolérance et la discrimination qui sous-tendent la situation grave des risques auxquels sont confrontés les membres des groupes LGBTI ».
L’association Rainbow collectivement a noté que « la vulnérabilité de la communauté LGBTI au Honduras est continuellement à la hausse en raison du niveau élevé de l’impunité et de l’indifférence du gouvernement ». Le groupe a ajouté: « Ceci nous démontre clairement une politique d’oppression et de répression créée par le gouvernement lui-même. Ceci contribue sans aucun doute à la justification de la haine relative à l’expression du genre, à l’orientation sexuelle et à l’identité vécue par la communauté LGBTI, haine qui se traduit par le haut niveau de violence ».
Cárcamo a déclaré que « l’impunité est de mise dans plus de 98% des crimes commis contre la communauté LGBTI ». Selon les données recueillies par l’Association Rainbow et le Bureau du procureur général national, entre 1994 et 2016, quelques 263 cas ont été signalés, dont pas plus de 47 ont été traduits devant les tribunaux ».
Ces événements ont eu lieu dans un contexte de violence extrême contre les médias, les journalistes et les militants au Honduras. Les attaques continuent et des inquiétudes sont exprimées par les organisations locales et internationales, qui ne voient pas de sortie du cercle vicieux de la violence et de la suppression de la liberté d’expression.