Un guide de 5 minutes sur le rapport de la Directrice générale préparé par l'IFEX et comment l'utiliser pour exiger des comptes pour les crimes contre les journalistes.
Ceci fait partie d'une série de guides de l'IFEX visant à renforcer les capacités de la société civile à s'engager dans des espaces mondiaux pour la défense de la liberté d'expression. Pour visiter la page du hub et voir le tout, cliquez ici.Plus de 800 journalistes ont trouvé la mort au cours de la dernière décennie en exerçant leur profession qui est de rendre l’information disponible pour les communautés qu’ils desservent. Dans plus de 90 % des cas, personne n’a été condamné pour ces crimes. Le rapport de la directrice générale de l’UNESCO, la sécurité des journalistes et le danger de l’impunité, est un outil important qui a le potentiel de changer cette réalité. Ce rapport biennal de l’UNESCO peut être utilisé pour encourager les États à promouvoir un environnement plus sûr pour les journalistes et combattre l’impunité entourant les crimes dont ils sont victimes, mais également pour les tenir responsables s’ils ne tiennent pas leurs promesses.
Les six points à retenir sur le rapport.
1. De quoi s’agit-il?
Le rapport, publié tous les deux ans en novembre, fournit des informations et des mises à jour sur les cas de journalistes condamnés par la Directrice générale de l’UNESCO, l’agence des Nations Unies dont le mandat spécifique est de promouvoir le droit fondamental à la liberté d’expression. Il a été lancé en 2008 par le Conseil intergouvernemental du Programme international pour le développement de la Communication (PIDC). Cet organisme réaffirme tous les deux ans la reconduite de ce rapport, mais a aussi demandé quelques modifications au fil du temps, qui ont élargi la portée des mécanismes de rapport et suivi du PIDC sur la sécurité des journalistes.
Notez qu’une mise à jour sur les données des journalistes assassinés est publiée une année sur deux en alternance dans un autre rapport de l’UNESCO : le rapport sur les Tendances mondiales en matière de liberté d’expression et de développement des médias. Le Rapport de la DG de l’UNESCO est disponible en anglais et en français; un résumé est disponible en arabe, en chinois, en espagnol et en russe. Dans certains cas, il existe des traductions dans d’autres langues.
2. Quel type d’information concrète renferme-t-il?
• Une liste de journalistes assassinés que la Directrice générale a condamné au cours des 24 mois précédant l’année de publication
• Des données ventilées des assassinats de journalistes, par région, type de média, par journalistes locaux et étrangers et par sexe
• Une analyse comparative des journalistes tués au cours des années précédentes et l’évolution de la tendance depuis 2006 – date de la première parution du rapport
• Les avancées de l’enquête judiciaire de chaque meurtre pour la période rapportée, classées en trois catégories : « aucune information reçue à ce jour », « suspendue/en cours » et « résolue »
• Mises à jour sur les enquêtes des meurtres commis depuis le 1er janvier 2006, offrant une chronologie de chaque cas
• Les informations fournies par les pays sur les mesures prises pour prévenir l’impunité et améliorer la protection des journalistes dans leur pays
• Des Informations sur la mise en œuvre de Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité, comme demandé par le Conseil exécutif de l’UNESCO dans la décision 196 EX/31.
3. Qui est considéré comme un « journaliste »?
• Le rapport comprend les meurtres de « journalistes, des travailleurs et travailleuses des médias et des réseaux sociaux qui sont engagés dans une activité journalistique »
4. D’où proviennent ces renseignements et quelles sont les conditions pour comptabiliser leurs décès dans le rapport?
• Les contributions des groupes de la société civile sont essentielles. Pour que le meurtre d’un journaliste soit inclus dans le rapport, il doit d’abord avoir été condamné par la Directrice générale de l’UNESCO. Pour ce faire, le meurtre doit être déclaré par au moins deux sources indépendantes crédibles parmi les suivantes : des ONG internationales et régionales bénéficiant du statut consultatif à l’UNESCO; les antennes régionales de l’UNESCO, les délégations de l’UNESCO et d’autres organes des Nations Unies
• L’inclusion de l’assassinat d’un journaliste dans le rapport ne signifie pas nécessairement que l’homicide était attribuable à leur travail de journalistes, même si c’est le cas la plupart du temps. Lorsqu’un journaliste est assassiné, la directrice générale de l’UNESCO demande l’ouverture d’une enquête. Si, à la suite d’une enquête judiciaire, il est déterminé que la mort d’un journaliste était étrangère à son travail, le cas est considéré comme résolu. Cependant, son décès sera toujours consigné dans le rapport
• Les États dans lesquels des enquêtes sont ouvertes sur le meurtre de journalistes sont invités annuellement à fournir des mises à jour sur les avancées réalisées. Cette mise à jour se fait sur une base volontaire. Le rapport dresse la liste des pays qui ont répondu et inclut une synthèse de leur réponse. Il inclut également la liste des pays qui n’ont pas offert de mise à jour
• Les contributions des pays sont rendues publiques uniquement lorsqu’ils en font la demande auprès de l’UNESCO; cette démarche n’est pas obligatoire. Ces informations sont accessibles sur chaque liste de journalistes assassinés classées par pays sur le site web de l’UNESCO ; lorsque des informations sur l’enquête judiciaire sont disponibles, un lien intitulé « Réponse de l’État membre » est visible.
5. Comment la société civile peut-elle faire usage du rapport dans son combat contre l’impunité?
• Diffusez le rapport plus largement. Plus le rapport est visible, plus il y aura de pressions sur les États réticents à enquêter sur les meurtres et à poursuivre les criminels. N’oubliez pas que les données sont actualisées une année sur deux en alternance dans un autre rapport de l’UNESCO : le rapport sur les Tendances mondiales en matière de liberté d’expression et de développement des médias.
• Profitez de la nature intergouvernementale du rapport pour faire pression sur les États qui ne fournissent pas de renseignements ou qui n’enquêtent pas sur les meurtres de journalistes; ce sont les États membres de l’UNESCO qui ont commandité ce rapport.
• Effectuer des recherches sur des cas d’impunités précis depuis 2006.
• Utilisez les données pour étayer vos connaissances et informer vos communications et activités de sensibilisation du public, également lorsque vous contribuez à d’autres mécanismes des Nations Unies, par exemple l’Examen périodique universel et le Comité des droits de l’homme.
• Participez à des présentations du rapport et contribuez aux discussions sur le contenu. Ces présentations se tiennent tous les deux ans lors de la réunion du Conseil intergouvernemental du Programme international pour le développement de la communication (PIDC).
• Assurez-vous de connaître le contenu des décisions du PIDC sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité. De cette façon, vous serez au courant des nouveaux engagements pris par les états par rapport au rapport de l’UNESCO et vous pouvez ainsi vérifier leur mise en œuvre.
6. Comment le rapport pourrait-il être amélioré?
• Les réponses des États à la demande de renseignements de la Directrice générale sur des enquêtes judiciaires en cours devraient être opportunes, complètes et instructives
• La collecte de données sur les assassinats des journalistes pourrait être améliorée afin de garantir que la liste soit complète et exacte depuis 2006 à aujourd’hui, soit la période couverte par le rapport
• Créer un modèle pour les réponses des États sur les enquêtes judiciaires, de sorte que les informations puissent être analysées et comparées au fil des ans
• Lorsque rendues publiques, les réponses des États membres sur les enquêtes judiciaires devraient être facilement accessibles sur le site web de l’UNESCO
• Rendre systématiquement publiques les réponses des États à condition que cela ne compromette pas le bon déroulement du processus judiciaire
• Exiger des États de fournir des informations plus complètes sur les principales mesures qu’ils ont prises pour promouvoir la sécurité et lutter contre l’impunité
• L’UNESCO devrait intégrer des recommandations fondées sur les informations fournies par les pays comme des exemples de bonnes pratiques. Envisagez d’inclure non seulement des données sur les assassinats de journalistes, mais également sur d’autres types d’attaques contre les journalistes, telles que ceux définis dans l’indicateur 16.10.1 de l’objectif de développement durable (ODD) 16.10 : enlèvements, disparitions forcées, détentions arbitraires et torture.
• Évaluer les moyens de renforcer l’approche sexospécifique à la question de la sécurité des journalistes et de l’impunité.
• Suivre l’évolution des décisions du PIDC sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité et plaidoyer pour le renforcement des mécanismes de rapport et suivi du PIDC.
Ressources et information supplémentaires
• Sécurité des journalistes – UNESCO
• Rapport de la Directrice générale de l’UNESCO
• L’UNESCO condamne l’assassinat des journalistes
• Programme international pour le développement de la communication (PIDC)
• 2016 Décision sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité
• Brochure: Renforcement de la contribution des médias à la construction d’un avenir de développement durable
• Brochure: IPDC’s monitoring and reporting mechanism on the safety of journalists and the issue of impunity brochure
« Combattre l’impunité est une étape importante pour faire face aux nombres importants d’assassinats de journalistes. L’impunité nourrit et perpétue un cycle de violence à l’encontre des journalistes. Une caractéristique distinctive du rapport de la Directrice générale de l’UNESCO pour mettre fin à ce cycle est le suivi par la Directrice générale du statut des enquêtes judiciaires traitant des cas d’assassinats. »Rapport de la Directrice générale de l’UNESCO sur la sécurité des journalistes et le danger d’impunité.