Les organisations ont condamné les graves violations aux droits de la personne qui ont lieu en ce moment précis en Égypte.
(ARTICLE 19/IFEX) – Le 3 février 2011 – Les organisations de la société civile du monde entier demandent aux instances égyptiennes et aux instances internationales de respecter la liberté d’expression et le droit à l’information.
Nous soussignées, les organisations de la société civile œuvrant à la promotion de la liberté d’expression dans le monde, condamnons les graves violations aux droits de la personne qui ont lieu en ce moment précis en Égypte. Depuis que des militants et des militantes pour la démocratie ont initié une vague de protestation populaire à travers l’Égypte, le 25 janvier dernier, plus de trois cents personnes sont mortes et de nombreux cas d’agressions et de brutalité, impliquant souvent des tirs à bal réel, ainsi que des arrestations et des détentions arbitraires de manifestants et de journalistes ont été rapportées. Le gouvernement a également restreint l’accès à l’Internet, bloqué les services de téléphonie mobile et imposé des restrictions sur les médias indépendants.
En plus de représenter un obstacle important à toutes celles et ceux, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, souhaitant accéder ou transmettre des informations sur les manifestations et les atteintes aux droits de la personne qui ont eu lieu au cours de cette période, ces mesures ont permis de passer sous silence et de réprimer les revendications des manifestants, pourtant dans leur droit. Cette censure égyptienne intégrale de l’Internet et des communications mobiles risque également d’encourager d’autres gouvernements de la région et d’ailleurs à prendre des mesures similaires.
Il est de notre avis que les autorités égyptiennes violent les obligations internationales des États en matière de droits de la personne, et ce en vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politiques à l’égard du droit à la liberté d’expression, du droit à l’information, du droit à la liberté de réunion et d’association, du droit à la liberté, du droit à la vie et du droit à ne pas être victime de tortures ni de traitements ou de sanctions cruelles, inhumaines ou dégradantes.
Alors que des rassemblements importants ont lieu à travers l’Égypte, nous appelons les autorités de l’État égyptien, dont le gouvernement national, la police, les forces armées et les forces de sécurité à :
• Supprimer les restrictions toujours imposées sur l’accès à l’internet et les communications mobiles et à s’abstenir d’imposer de telles restrictions à l’avenir;
• Supprimer toutes les restrictions imposées aux médias indépendants et à libérer tous les journalistes et les manifestants légitimes qui ont été arrêtés;
• Respecter les obligations juridiques internationales de l’Égypte dans le maintien de l’ordre et à utiliser la force de manière raisonnable, proportionnée et dans le seul but de prévenir la criminalité;
• Lancer des enquêtes indépendantes et efficaces sur les allégations de meurtres, d’agressions ou de menaces perpétrées par des fonctionnaires de l’État;
• Lever immédiatement l’état d’urgence.
Nous appelons en outre les États influents, les organisations intergouvernementales et régionales, y compris l’Organisation des Nations Unies, l’Union africaine et l’Union européenne à :
• Condamner toutes les violations des droits de la personne commises par les autorités égyptiennes au cours de cette période d’insurrection populaire en Égypte;
• Exercer des pressions sur le gouvernement égyptien pour lever toutes limitations sur l’accès à l’internet et les communications mobiles et à ne plus imposer de telles restrictions à l’avenir;
• Exercer des pressions sur les autorités égyptiennes pour que les droits de la personne soient respectés, y compris le droit à la liberté d’expression et le droit à l’information;
• Soutenir une transition vers un état démocratique et un état de droit respectueux des droits de la personne.
Nous continuerons à suivre avec la plus grande attention les événements qui se déroulent en Égypte.
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