Journaliste et militant de la liberté d'expression, le membre du Conseil de l'IFEX Erol Önderoğlu travaille pour la Fondation pour la Communication de IPS - Bianet, et pour Reporters sans frontières. Il a été emprisonné du 20 au 30 Juin 2016, après avoir participé à une campagne de solidarité avec un journal kurde. Le 11 janvier 2017, le procès d'Önderoglu a été ajourné au 21 mars 2017.
En 2011, dans une interview accordée à Protection internationale, le journaliste turc Erol Önderoğlu parle des conséquences de la liberté d'expression en Turquie: ... Tout le monde sait que si vous dépassez la ligne rouge - même si vous avez le droit de vous exprimer- vous aurez à comparaitre devant un procureur le jour suivant, ou plus tard.
Erol Önderoğlu est un journaliste et militant de la libre expression né à Istanbul, en Turquie. Après avoir étudié la philologie française à l’Université d’Istanbul, Önderoglu est entré, en 1995, à la Fondation pour la Communication de IPS – Bianet, en tant que journaliste. L’année suivante, il a commencé à travailler pour l’ONG parisienne Reporters sans frontières (RSF) comme correspondant pour la Turquie. Il continue à travailler pour les deux organisations, qui sont des membres actifs de l’IFEX, le réseau mondial d’organisations dédiées à la défense et à la promotion du droit à la liberté d’expression et d’information. En 2015, Önderoğlu a été élu au Conseil de l’IFEX. Il travaille également pour le Bureau du Représentant de l’OSCE pour les questions de la liberté des médias, des publications et des projets.
Tout au long de sa carrière, Önderoğlu a soutenu ses collègues journalistes et a défendu la liberté d’expression. Il parle de la couverture des questions touchant les minorités et dénonce les tentatives de censurer une telle couverture. Dans une interview avec Protection internationale, il a noté que « quand les journalistes soulèvent des problèmes – par exemple du taux de chômage de la minorité Alévie ou de la discrimination dont cette communauté est victime -, [ils] devraient être protégés par ces lois. Dans la pratique, ce n’est pas le cas. Ces journalistes sont passibles des peines d’emprisonnement, pendant que les nationalistes se permettent de monter les autres groupes de la population contre les minorités telles que les Kurdes, les Arméniens, [et] les Grecs … »
Le 20 juin 2016, les autorités turques ont arrêté Önderoğlu, ensemble avec le médecin légiste et dirigeant de la Fondation turque des droits humains Sebnem Korur Fincani et le journaliste et écrivain Ahmet Nesin.
Les trois personnes ont été accusées de « propagande terroriste » pour avoir participé à une campagne de solidarité au cours de laquelle des journalistes et des militants ont agi, à tour de rôle, comme des co-rédacteurs du quotidien kurde Özgür Gündem afin de protester contre son harcèlement persistant par les autorités judiciaires. Ils étaient parmi les 44 journalistes et militants qui ont participé à la campagne de solidarité qui a démarré le 3 mai 2016, à la Journée mondiale de la liberté de la presse et s’est terminée par la fermeture forcée du journal en août 2016.
Le 30 juin 2016, Önderoğlu, Fincanci et Nesin ont été libérés sous condition et leur procès avait débuté en novembre 2016.
L’arrestation de Önderoğlu a provoqué un tollé international. RSF a lancé une pétition exhortant les autorités à libérer le journaliste et ses co-accusés et à abandonner toutes les charges retenues contre eux. Des membres de l’IFEX du monde entier ont exprimé leur soutien via des déclarations, des médias sociaux et des représentants des organismes internationaux, dont le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon. Aussi, le représentant de l’OSCE pour les questions de la liberté des médias, Dunja Mijatović, a également exigé sa libération immédiate. En mars, ARTICLE 19 a soumis au tribunal un mémo amical contestant la légitimité des accusations portées contre Önderoğlu et ses coaccusés. Au fur et à mesure que le nombre de journalistes arrêtés montait, le plaidoyer mondial en leurs faveur de la part des membres de l’IFEX et au-delà a également augmenté en ampleur avec plus de pétitions, des manifestations à l’intérieur et à l’extérieur de la Turquie, des délégations qui se rendent dans le pays et assistent à des procès.
Le 17 juillet 2019, après un procès tiré en longueur, Onderoglu et ses coaccusés ont été acquittés de toutes charges dans l’affaire Ozgur Gundem. Cependant, en septembre 2019, tous les trois ont été notifiés que le procureur avait fait appel de la décision du tribunal.
Toujours en septembre 2019, mais dans une affaire distincte, Önderoğlu a été acquitté des accusations de “propagande pour une organisation terroriste”. Ces accusations étaient fondées sur son travail de solidarité pacifique en soutien à des universitaires poursuivis.
Le 3 novembre 2020, la cour d’appel régionale d’Istanbul a annulé l’acquittement de juillet 2019 d’Önderoğlu et de ses codéfendeurs dans l’affaire Özgür Gündem. La décision, qui a été accueilli avec indignation par les membres de l’IFEX, a laissé chacun des accusés passible de 14 ans de prison.
Le nouveau procès d’Önderoğlu et ses co-accusés avait débuté le 3 fevrier 2021 et aurait du se poursuivre en mai mais avait été reporté á cause de la pandémie du Covid-19. Il était programmé pour reprendre le 30 septembre 2021 mais il a été, une fois de plus, renvoyé au 1er fevrier 2022.
Le procès a connu plusieurs audiences et reports en 2022 et 2023. En février 2024, il a de nouveau été reporté, cette fois parce que le tribunal n’aurait pas reçu tous les documents pertinents. À ce stade, la procédure judiciaire contre Önderoğlu et ses coaccusés durait depuis plus de sept ans. La prochaine audience est prévue le 29 mai 2024.
En 2018, Önderoğlu a reçu le Prix de la Fondation Roosevelt pour la liberté de la parole.
Illustration de Florian Nicolle