Un jour à peine après qu’Israël eut annoncé aux journalistes qu’il déclinait toute responsabilité en cas de blessures, un caméraman palestinien perd la vie à Gaza.
« Israël n’est d’aucune façon responsable si vous êtes blessés, ni de quelque dommage qui pourrait survenir à la suite de vos reportages réalisés sur le terrain », a déclaré le Bureau du Service de presse du Gouvernement israélien dans un courriel adressé aux journalistes qui couvrent la situation à Gaza le 19 juillet, deux jours après qu’Israël eut déclenché une offensive terrestre dans la minuscule bande de terre surpeuplée.
Le lendemain, un caméraman palestinien qui travaillait pour la société Continue Production Films, Khaled Hamad, était tué pendant un bombardement de l’artillerie israélienne contre le quartier résidentiel de Shujaiyeh. D’après le Centre palestinien pour le développement et la liberté des médias (MADA), Hamad portait une veste sur laquelle paraissait clairement le mot « Press ».
«Ce que nous voyons à Gaza est à la fois horrible et scandaleux », déclare le président de la Fédération internationale des journalistes Jim Boumelha, en réaction au décès de Hamad. « Les journalistes doivent être libres de couvrir ce qui se passe sans être ciblés par l’armée à cause de leur travail.»
Khaled Hamad est le deuxième professionnel des médias à mourir depuis le début de l’offensive militaire israélienne, le 8 juillet. Hamid Shihab, 30 ans, un chauffeur palestinien qui travaillait pour l’agence de presse Media 24, basée à Gaza, a été tué dans un raid aérien israélien contre le véhicule de l’agence de presse pendant la nuit du 9 juillet.
D’après le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), les frappes aériennes d’Israël ont aussi visé des immeubles qui abritent des médias à Gaza, blessant au moins trois journalistes.
« Les Forces de Défense israéliennes savent où sont situés les médias à Gaza et doivent s’assurer que ceux-ci ne sont pas touchés pendant cette offensive », a déclaré Sherif Mansour, Coordonnateur du Programme du Moyen-Orient-Afrique du Nord au CPJ. « Attaquer les médias constitue une violation du droit international et une négation du droit des journalistes à la protection en tant que civils dans une zone de guerre. »
Mais ces civils ne sont pas protégés dans cette zone de guerre. Plus de 500 personnes ont été tuées à Gaza depuis le 8 juillet. Selon les données des Nations Unies, 72 % des personnes tuées sont des civils. Comme il a été dit dans le courriel aux journalistes mentionné plus haut, Israël n’envisage pas non plus d’étendre quelque protection aux journalistes.
D’après Sophia Jones, du The Huffington Post, qui couvre actuellement la situation à partir de Gaza, les Forces de défense israéliennes (FDI) exigent maintenant des journalistes qui entrent dans la Bande de Gaza qu’ils signent un formulaire qui dégage Israël de toute responsabilité en cas de blessure ou de décès.
At erez crossing, reporters crossing into #gaza are made to sign form absolving IDF of any responsibility if press gets hurt/worse.
— Sophia Jones (@Sophia_MJones) July 18, 2014
Traduction du tweet dessus: Au poste de passage d’Erez, les reporters qui entrent à #gaza sont tenus de signer un formulaire qui dégage les FDI de toute responsabilité si la presse est frappée, ou pire encore.
Grâce aux journalistes étrangers et locaux maintenant en poste à Gaza, les gens dans le monde reçoivent par l’entremise des médias sociaux un flux constant de mises à jour en direct sur la situation sur le terrain, peu importe les risques courus.
Colleagues coming back to file all telling identical stories from their reporting trips. Getting more and more dangerous to work #Gaza
— peter beaumont (@petersbeaumont) July 20, 2014
Traduction du tweet dessus: Les collègues qui reviennent pour faire leurs reportages racontent tous des histoires identiques sur leurs séjours. Cela devient de plus en plus dangereux de travailler à #Gaza.
Un coup d’œil rapide sur l’activité qui se manifeste sur Twitter le 20 juillet indique que ce fut le jour le plus meurtrier du conflit jusqu’à maintenant. Au moins 100 Palestiniens et 13 soldats israéliens sont morts à Gaza.
Vous trouverez ci-dessous quelques tweets de Peter Beaumont, du journal The Guardian, de Ayman Mohyeldin, correspondant de NBC News, de Sara Hussein, reporter de l’Agence France-Presse, et de Stefanie Dekker, d’Al Jazeera English, qui décrivent ce qu’ils et elles ont vu à Shujaiyeh le 20 juillet.
Just got back from Shuaji’iya’s Beltaji Street absolute scene of devastation. Bodies being dug out of rubble …
— peter beaumont (@petersbeaumont) July 20, 2014
Traduction du tweet dessus: Tout juste de retour de la rue Beltaji à Shuaji’iya scène de dévastation absolue. On retire des corps des décombres…
Emotional scenes at Shifa Hospital’s Morgue. All the details on tonight’s @NBCNightlyNews broadcast live from #gaza pic.twitter.com/r5F5wSgkKG
— Ayman Mohyeldin (@AymanM) July 20, 2014
Traduction du tweet dessus: Scènes émouvantes à la morgue de l’Hôpital Shifa. Tous les détails ce soir à l’émission NBCNightlyNews en direct de #gaza
Our report on the devastation from Shujayea #Gaza http://t.co/kPoGGBXsda
— Stefanie Dekker (@StefanieDekker) July 20, 2014
Traduction du tweet dessus: Notre reportage sur la dévastation de Shujayea #Gaza
Unbelievable scenes of people fleeing by foot from Shejaiya, where there are casualties lying in streets, ambulances every minute at Shifa.
— Sara Hussein (@sarahussein) July 20, 2014
Traduction du tweet dessus: Scènes incroyables de gens qui fuient Shejaiya à pied, où les victimes jonchent les rues, les ambulances arrivent constamment à Shifa.
Tout récemment, le CPJ a écrit sur Twitter pour presser les journalistes présents à Gaza de se protéger, tant mentalement que physiquement. Le CPJ a créé un lien avec le Dart Center for Journalism and Trauma, un projet de l’École de Journalisme de l’Université Colombia qui fournit aux journalistes du monde entier les ressources nécessaires pour affronter les difficultés que pose la couverture en zone de conflit.