Cette année, l'Iran est le pays qui a emprisonné le plus de journalistes au monde, avec 42 journalistes derrière les barreaux.
(CPJ/IFEX) – Le 8 décembre 2011 – Le nombre de journalistes emprisonnés dans le monde entier a augmenté de plus de 20 pour cent pour atteindre son plus haut niveau depuis le milieu des années 1990, une hausse principalement due aux emprisonnements à grande échelle à travers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, selon des recherches du Comité pour la protection des journalistes (CPJ). Dans son recensement annuel des journalistes emprisonnés en date du 1er décembre courant, le CPJ a identifié 179 personnes, notamment des rédacteurs, des directeurs de publication et des photojournalistes, derrière les barreaux en raison de leur travail, une augmentation de 34 par rapport au recensement de 2010.
Cette année, l’Iran est le pays qui a emprisonné le plus de journalistes au monde, avec 42 journalistes derrière les barreaux. Les autorités de ce pays ont maintenu une campagne d’intimidation contre la presse qui a commencé à l’issu de l’élection présidentielle contestée du pays il y’a plus de deux ans. L’Erythrée, la Chine, la Birmanie, le Vietnam, la Syrie et la Turquie figurent également parmi les pays qui emprisonnent le plus de journalistes au monde.
Le recensement du CPJ a constaté de nettes différences entre les régions. Pour la première fois depuis que le CPJ a commencé à compiler les informations détaillées sur les journalistes emprisonnés en 1990, aucun journaliste des Amériques n’était en prison pour des raisons liées à sa profession au 1er décembre. Le nombre d’incarcérations a également continué à baisser progressivement en Europe et en Asie centrale, où seuls huit journalistes ont été emprisonnés, ce qui est le plus faible taux enregistré dans cette région en six ans. Mais ces améliorations ont été éclipsées par des emprisonnements à grande échelle à travers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, où les gouvernements ont mis 77 journalistes derrière les barreaux, un chiffre qui représente près de 45 pour cent du recensement total dans le monde entier. Dans les pays asiatiques et africains, des dizaines d’emprisonnements ont été également recensés.
Alors que la répression postélectorale en Iran en 2009 avait marqué le début d’une vague d’emprisonnements contre la presse de ce pays, les autorités iraniennes appliquent depuis lors un système d’incarcération tournant, octroyant des permissions de sortie à des détenus tout en procédant à de nouvelles arrestations. Les journalistes qui ont bénéficié de permissions de sortie paient souvent des cautions à six chiffres et subissent d’énormes pressions politiques visant à les museler ainsi que leurs collègues. « Le nombre d’arrestations, d’interrogatoires et de personnes en liberté sous caution est énorme », a déclaré Omid Memarian, un journaliste iranien en exil. « L’effet est que de nombreux journalistes savent qu’ils ne doivent pas aborder des sujets sensibles. Cela affecte vraiment la façon dont ils rendent compte de l’actualité parce qu’ils subissent des intimidations et sont constamment sous la crainte », a-t-il ajouté. Parmi les journalistes détenus en 2011, figure le directeur de publication iranien Mohammad Davari, un lauréat du Prix international du CPJ pour la liberté de la presse dont le site Internet a exposé les abus et les viols de détenus au Centre de détention de Kahrizak désormais fermé. Plus de la moitié des détenus iraniens sont derrière les barreaux sous des accusations de menées antiétatiques similaires à celles formulées contre M. Davari.
( . . . )