Le rapport du CPJ analyse de manière détaillée comment la censure fonctionne dans chaque pays et met en relief certaines tendances parmi les pays où la censure sévit, notamment la contestation de la légitimité du pouvoir en place et le retard en matière de développement économique.
(CPJ/IFEX) – New York, le 2 mai 2012 – Un nouveau rapport publié par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), dans le cadre de la Journée mondiale de la liberté de la presse, a révélé que les dix pays où la presse est la plus censurée au monde se caractérisent par un contrôle arbitraire des activités de la presse qui se traduit par l’usage de la propagande, de la brutalité et d’une technologie sophistiquée. L’Érythrée, la Corée du Nord et la Syrie caracolent en tête de cette liste, ce qui témoigne que les restrictions sur l’information à l’échelle nationale ont de lourds impacts sur la stabilité géopolitique mondiale.
« Au nom de la stabilité ou du développement, ces régimes répriment le journalisme indépendant, amplifient la propagande et se servent de la technologie pour contrôler leurs propres citoyens plutôt que de leur donner plus d’autonomie », a déclaré Joël Simon, directeur exécutif du CPJ. « Les journalistes sont perçus comme une menace et souvent ils paient le prix fort pour leurs reportages. Cependant, à cause de la mondialisation de l’information par l’Internet et le commerce, la censure à l’intérieur d’un pays affecte les populations partout au monde », a-t-il dit.
Le rapport du CPJ analyse de manière détaillée comment la censure fonctionne dans chaque pays et met en relief certaines tendances parmi les pays où la censure sévit, notamment la contestation de la légitimité du pouvoir en place et le retard en matière de développement économique. Selon le rapport du CPJ, en Érythrée, seul les médias d’Etat sont autorisés à opérer et la presse internationale est interdite. L’Agence de presse nationale de la Corée du Nord produit tout le contenu pour les médias locaux, tandis que les journalistes étrangers ont un accès restreint à ce pays et y sont sous une surveillance continue. La Syrie a imposé une restriction totale sur la presse indépendante depuis plus d’un an, déclenchant ainsi une série d’agressions physiques et d’attaques électroniques pour museler les organes de presse. A la liste des 10 pays où la presse est le plus censurée au monde s’ajoutent l’Iran, la Guinée Equatoriale, l’Ouzbékistan, la Birmanie, l’Arabie saoudite, Cuba et la Biélorussie.
Le nouveau classement, qui met à jour une liste publiée en 2006, a été élaboré sur la base de 15 critères évalués par des experts du CPJ. Ces critères sont, entre autres, le blocage des sites web, les restrictions relatives à l’enregistrement et la diffusion de contenu électronique, l’absence de médias privés ou indépendants, la limitation des mouvements des journalistes, le brouillage des chaînes étrangères et l’interdiction d’exercer imposée aux correspondants étrangers. Tous les pays figurant sur la liste ont rempli au moins 10 des critères retenus. Le CPJ a également considéré l’Azerbaïdjan, l’Ethiopie, la Chine, le Soudan, le Turkménistan et le Vietnam comme des pays où la presse est fortement censurée et qui requièrent un examen scrupuleux.
Ce rapport est disponible en arabe, anglais, français, russe et en espagnol. Le CPJ a également publié une vidéo dressant le profil des 10 pays où la presse est le plus censurée au monde et qui donne un bref aperçu des types de restrictions qui y sont imposées.