Si les médias libanais sont généralement considérés comme les plus libres du monde arabe, une enquête de RSF sur la propriété des médias révèle qu'ils sont en réalité aux mains de groupes politiques, de quelques riches dynasties familiales et inféodés à des intérêts politiques locaux ou étrangers.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 6 décembre 2018.
Si les médias libanais sont généralement considérés comme les plus libres du monde arabe, une enquête de Reporters sans frontières (RSF) sur la propriété des médias révèle qu’ils sont en réalité aux mains de groupes politiques, de quelques riches dynasties familiales et inféodés à des intérêts politiques locaux ou étrangers.
Reporters sans frontières et le Centre SKeyes pour la liberté de la presse et de la culture de la fondation Samir Kassir révèlent aujourd’hui à Beyrouth leur enquête basée sur l’analyse de 37 des plus importants médias libanais. Ces recherches révèlent que le paysage médiatique du pays est hautement concentré, politisé et polarisé. L’apparente diversité des médias libanais masque de nombreux obstacles à la liberté de l’information.
Les partis politiques et les dynasties familiales sont omniprésentes sur la scène médiatique. Comparé aux 16 autres pays examinés dans le cadre du projet Media Ownership Monitor (MOM), les médias libanais présentent le taux le plus élevé d’affiliation politique : 78,4% de l’échantillon étudié appartient directement à l’Etat, à des partis ou à des hommes politiques (candidats à la présidence, députés en fonction ou non).
Quant au cadre législatif, il ne parvient pas à garantir une véritable transparence des propriétaires de médias ou à empêcher les conflits d’intérêt, en raison de dispositions légales obsolètes ou non appliquées.
Initiées par RSF, les enquêtes sur la propriété des médias regroupées sur la plate-forme Media Ownership Monitor font partie d’un projet global de recherche et de plaidoyer destiné à promouvoir la transparence et le pluralisme des médias dans le monde. Financé par le gouvernement allemand, ce projet a déjà permis d’étudier la propriété des médias dans seize pays : l’Albanie, le Brésil, le Cambodge, la Colombie, le Ghana, le Maroc, le Mexique, la Mongolie, le Pérou, les Philippines, la Serbie, le Sri Lanka, la Tanzanie, la Tunisie, la Turquie et l’Ukraine.
La présentation des résultats de l’enquête MOM Liban est consultable en anglais dans sa version originale.