Abdirisaq Ali Abdi a été abattu de nombreux projectiles tirés par des inconnus le 18 novembre 2014. Son assassinat survient dans le sillage de la Journée internationale des Nations Unies de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes, et pendant la campagne de l’IFEX pour mettre fin à l’impunité.
Un autre journaliste somalien a été tué. Le 18 novembre 2014, Abdirisaq Ali Abdi – également connu sous le sobriquet de « Silver » – a été atteint de multiples projectiles tirés par des inconnus dans un restaurant de Galkayo, une ville de la région semi-autonome du Puntland, selon ce que rapporte le Syndicat national des journalistes somaliens (National Union of Somali Journalists, NUSOJ). Les assaillants ont immédiatement fui la scène tandis que Abdi était transporté à l’hôpital général Mudug, où il a succombé à ses blessures.
Dans une déclaration, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) presse les autorités de trouver et de châtier les responsables de l’assassinat d’Abdi, et offre ses condoléances à la famille et aux collègues du journaliste.
Au moment de sa mort, Abdi, qui avait 25 ans, travaillait comme pigiste à Radio Daljir, basée au Puntland, et pour HornCable TV, basée à Hargeisa. Il avait aussi travaillé précédemment pour Radio Galkayo. Des journalistes locaux ont déclaré au Comité pour la protection des journalistes (CPJ) que Abdi couvrait la politique locale au Puntland, mais qu’ils ne pouvaient déterminer avec précision un reportage qui aurait pu provoquer son assassinat. Le CPJ cite un rapport de Dalsan Radio, qui fait remarquer que, peu avant sa mort, Abdi avait indiqué à un ami sur Facebook qu’il sentait que sa vie était menacée.
Depuis la mort d’Abdi, un de ses anciens collègues, Ahmed Ali Kilwe, directeur adjoint de Radio Galkayo, a reçu au téléphone des menaces qui lui disaient qu’il « était le prochain », selon Reporters sans frontières (RSF).
« Nous sommes profondément secoués par l’assassinat d’Abdi et troublés par les menaces proférées contre Ahmed Ali Kilwe », a déclaré Cléa Kahn-Sriber, chef du bureau africain de Reporters sans frontières. « Malheureusement, le travail de journaliste en Somalie comporte le risque constant d’être tué, agressé, menacé ou jeté en prison. »
Cela est particulièrement vrai à Galkayo, qui, d’après le NUSOJ, est la deuxième ville parmi les plus meurtrières pour les journalistes de Somalie, après Mogadiscio.
La recherche du CPJ montre qu’au moins trois autres journalistes ont été tués à Galkayo depuis 2012 — dont le journaliste pigiste Ali Ahmed Abdi, le producteur et rédacteur en chef Farhan Jeemis Abdulle, de Radio Daljir, et Liban Abdullahi Farah, correspondant de Kalsan TV. Ces trois assassinats n’ont toujours pas été résolus.
« Galkayo est, pour les journalistes, l’un des endroits les plus dangereux de la Somalie, et Radio Daljir et son personnel resteront vulnérables tant qu’on laissera se perpétuer le cycle de l’impunité », a déclaré Tom Rhodes, représentant de l’Afrique de l’Est au CPJ.
Malheureusement, la violence contre les journalistes continue aussi d’empirer ailleurs en Somalie. RSF rapporte que Nure Mohammed Ali, un journaliste pigiste qui travaille pour Radio Kulmyie, a été blessé dans un attentat à la voiture piégée le 9 novembre à Mogadiscio. Le 12 octobre, Abirizak Jama Elmi, chef du bureau de Mogadiscio de la chaîne de télévision somalienne, a échappé de peu à une tentative d’assassinat. En juin, le journaliste pigiste Youssouf Keynan a été tué à Mogadiscio par une bombe placée sous sa voiture.
La violence incessante contre les journalistes en Somalie ne les empêche pas toutefois de poursuivre leur travail. Dans une déclaration, le NUSOJ cite le directeur de Radio Voice of Peace de Galkayo, Ahmed Mohamed Ali, qui a indiqué que « ces incidents ne sauraient nous empêcher de nous acquitter de nos tâches avec honnêteté et professionnalisme. Nous voulons plutôt dire aux éléments qui se cachent derrière l’assassinat d’Abdirisaq Ali Abdi et d’autres journalistes que ces meurtres ne sauraient parsemer d’obstacles notre chemin. »
L’assassinat d’Abdirisaq Ali Abdi survient dans le sillage de la Journée internationale des Nations Unies de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes, et pendant la campagne de l’IFEX visant la fin de l’impunité.