RSF s'inquiète des tentatives du ministère de la Justice d'engager des poursuites judiciaires contre Julian Assange et des collaborateurs de WikiLeaks.
(RSF/IFEX) – RSF écrit aux autorités américaines pour leur faire part de son inquiétude sur les tentatives du ministère de la Justice d’engager des poursuites judiciaires contre Julian Assange et des collaborateurs de WikiLeaks.
Barack H. Obama
Président des Etats-Unis d’Amérique
1600 Pennsylvania Avenue, NW
Washington, DC 20500
Eric Holder
Procureur général
Ministère de la Justice
950 Pennsylvania Avenue, NW
Washington, DC 20530
Paris, le 17 décembre 2010
Monsieur le Président, Monsieur le Procureur Général,
Reporters sans frontières tient à vous faire part de son inquiétude quant aux informations qui nous sont parvenues sur les tentatives du ministère de la Justice d’engager des poursuites judiciaires contre Julian Assange et des collaborateurs de WikiLeaks.
Nous considérons que la publication d’informations – fussent-elles classifiées – par Wikileaks et les cinq médias associés, constitue une activité journalistique d’information du public et tombe ainsi sous le coup du Premier Amendement.
Poursuivre les fondateurs et collaborateurs de WikiLeaks nuirait gravement à la liberté de la presse dans le pays, dégraderait les conditions de travail des journalistes américains qui couvrent des sujets sensibles et fournirait, sur un plateau d’argent, des excuses toutes trouvées à d’autres pays qui se livrent à des actions de censure.
Nous considérons qu’aujourd’hui, le statut des Etats-Unis en tant que modèle de liberté d’expression dans le monde est en jeu, et que toute poursuite arbitraire contre WikiLeaks pour avoir reçu ou publié des documents sensibles remettrait inévitablement en cause ce modèle, en créant un précédent dangereux.
Des professeurs de l’Université de Columbia vous ont récemment envoyé un courrier dans lequel ils affirment qu' »une réaction trop forte du gouvernement à la publication de fuites dans la presse a toujours été plus dommageable à la démocratie américaine que les fuites elle-mêmes ». Nous adhérons pleinement à cette analyse.
Nous vous prions, en revanche, de profiter de ce débat pour revoir la politique de classification américaine, afin de favoriser la transparence et de rendre le maximum de documents publics, dans la lignée des promesses faites au début de cette administration.
En vous remerciant par avance de l’attention que vous vous voudrez bien porter à nos remarques, je vous prie de bien vouloir agréer l’expression de mes sentiments les
meilleurs.
Cordialement,
Jean-François Julliard