(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières proteste contre l’interpellation, le 14 janvier 2006, de Haroon Rashid, du service ourdou de la BBC World Service, et Iqbal Khattak, du quotidien “Daily Times”, par les forces de sécurité dans la zone tribale Bajaur Agency. Les deux journalistes enquêtaient sur les conséquences du bombardement par l’armée américaine d’un village […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières proteste contre l’interpellation, le 14 janvier 2006, de Haroon Rashid, du service ourdou de la BBC World Service, et Iqbal Khattak, du quotidien “Daily Times”, par les forces de sécurité dans la zone tribale Bajaur Agency. Les deux journalistes enquêtaient sur les conséquences du bombardement par l’armée américaine d’un village où était censé se trouver Ayman al-Zawahiri. Dix-huit personnes y sont mortes, mais vraisemblablement pas le numéro 2 d’Al-Qaïda. Le même jour, les autorités ont confisqué la cassette vidéo d’un cameraman de l’agence de presse américaine APTN qui venait de filmer dans ce village.
“Au nom de quelles lois les deux journalistes pakistanais ont-ils été interpellés et la cassette vidéo a-t-elle été saisie ? Après des mois de black-out, les autorités civiles et militaires avaient enfin laissé les journalistes accéder librement aux zones tribales. Mais visiblement quand une affaire est trop dérangeante, la presse n’est plus la bienvenue”, a affirmé Reporters sans frontières.
Alors qu’ils prenaient des photos de militaires dans les rues de Khar, capitale administrative de la Bajaur Agency (60 kilomètres au nord de Peshawar), Haroon Rashid et Iqbal Khattak ont été interpellés et conduits dans le bureau de Fahim Wazir, administrateur de cette zone tribale. Le fonctionnaire leur a reproché de contribuer, par leurs articles, à l’insécurité de cette région. Les deux journalistes ont refusé que celui-ci vérifie les informations qu’ils comptaient envoyer. Il voulait notamment contrôler la nature des témoignages auprès de la population après le bombardement américain. Avant de les faire libérer, l’administrateur les a menacés de les interdire d’entrée dans les zones tribales.
Ces interpellations interviennent alors que Hayatullah Khan, journaliste du quotidien en ourdou “Ausaf” et photographe pour l’agence European Press Photo Agency (EPA), est porté disparu depuis le 5 décembre 2005. Quelques jours auparavant, le journaliste avait contredit la version officielle sur la mort d’un chef arabe d’Al-Qaïda, Hamza Rabia, au Nord-Waziristan. Le djihadiste avait été tué par un missile américain (consulter des alertes de l’IFEX du 6 janvier 2006, 21, 16, 9 et 5 décembre 2005).