L’avocat Pedro Baldera avait porté plainte en raison de récentes dénonciations du journaliste Johnny Alberto Salazar contre le comité des droits de l’homme, d’après lesquelles cette institution “protègerait” des délinquants et des personnes liées au crime organisé.
(RSF/IFEX) – Directeur de la radio communautaire Vida FM et du journal en ligne http://www.vidadominicana.com/ à Nagua, Johnny Alberto Salazar a été condamné, le 18 janvier 2012, à une peine de six mois de prison, assortie d’une amende de 1 millions de pesos (soit 25 970 dollars) pour « diffamation » et « injure » contre l’avocat Pedro Baldera, président du comité des droits de l’homme de la province de María Trinidad Sánchez (Nord-Est). Le journaliste compte faire appel à l’issue de l’énoncé intégral du jugement, le 26 janvier 2012.
« Quelle que soit la véracité des propos incriminés, nous estimons dangereuse une sentence en soi disproportionnée et attentatoire à la convention américaine des droits de l’homme au nom de laquelle nul ne peut risquer sa liberté pour ses paroles ou ses écrits. Il est urgent que l’Assemblée nationale vote enfin la proposition de loi dépénalisant les délits de presse, dont elle est saisie depuis près de cinq ans. Nous voulons croire que le juge d’appel saura mesurer le danger provoqué par ce précédent judiciaire, non seulement pour Salazar mais pour l’ensemble de la profession dans le pays », a déclaré Reporters sans frontières.
L’organisation déplore également le refus opposé par la juge Selma Bonilla à la presse d’assister aux audiences qui ont abouti à cette condamnation alors qu’il s’agissait d’un procès public et d’intérêt public, et espère que cette atteinte au droit d’informer ne se vérifiera pas une nouvelle fois en appel.
L’avocat Pedro Baldera avait porté plainte en raison de récentes dénonciations du journaliste contre le comité des droits de l’homme, d’après lesquelles cette institution “protègerait” des délinquants et des personnes liées au crime organisé. « Cette sentence constitue un point négatif pour la liberté de la presse en République Dominicaine », nous a confié Salazar. « Ceux qui se dressent contre nous ne supportent pas qu’à travers notre station radio et d’autres médias au service du peuple, nous nous mettions au service de la communauté sans répondre d’aucun secteur politique, économique ou social en particulier.”
A l’annonce du jugement, des habitants de Nagua et des représentants de la société civile se sont mobilisés spontanément pour réunir les fonds nécessaires au recouvrement de l’amende infligée au journaliste. « L’argent que le peuple de Nagua engagera dans cette cause, nous l’investirons dans la construction de travaux de bien social pour les nombreuses familles dans le besoin de cette province, parce que nous sommes sûrs que ce jugement aberrant ne sera pas validé par un tribunal supérieur », nous a déclaré Salazar.