Le collectif de journalistes de La Havane est tenu dans l'ignorance du lieu de détention de sa photographe María Nélida López Báez, arrêtée par la Sécurité de l'État.
(RSF/IFEX) – Le Centro de Información Hablemos Press (CIHPRESS, collectif de journalistes de La Havane) est tenu dans l’ignorance du lieu de détention de sa photographe María Nélida López Báez, arrêtée le 16 juin 2009 par la Sécurité de l’État. Reporters sans frontières demande la libération immédiate de cette journaliste, déjà interpellée trois fois au mois de mai dernier.
« L’heure est à nouveau à la répression et à la censure contre les dissidents et les journalistes. On comprend mieux, dans ce contexte, pourquoi le régime traite par le mépris la réintégration de Cuba à l’Organisation des États américains (OEA), récemment obtenue grâce aux efforts des autres pays d’Amérique latine. Ce processus impliquerait le respect des libertés fondamentales, une perspective visiblement intolérable pour la dernière dictature du continent. La détention et la possible condamnation de María Nélida López Báez le démontrent. La communauté internationale doit se mobiliser pour la libération des prisonniers politiques cubains », a déclaré Reporters sans frontières.
Parmi les dix-neuf condamnés lors du « Printemps noir » de mars 2003 figure un autre photographe, Omar Rodríguez Saludes, de Nueva Prensa, qui a écopé de la peine la plus lourde: vingt-sept ans de prison.
A sept heures du matin le 16 juin (heure locale), selon le CIHPRESS, le fils de María Nélida López Báez a reçu la visite d’une femme qui lui a remis un portefeuille et quelques objets appartenant à sa mère. La visiteuse lui a confié que la photographe venait d’être arrêtée par la Sécurité de l’État alors qu’elle se rendait dans les locaux du CIHPRESS. Le lieu de détention n’a pas été précisé. La journaliste est sous le coup d’une procédure pour « dangerosité sociale prédélictueuse ».
Cette disposition, très utilisée contre les dissidents, permet de condamner un individu même s’il n’a commis aucun délit, au nom de la « menace potentielle » qu’il représenterait pour la société. Trois journalistes ont été condamnés depuis 2006 pour ce motif à des peines allant de trois à quatre ans de prison: Oscar Sánchez Madán, correspondant du site Cubanet, Ramón Velázquez Toranso, de l’agence Libertad, et Raymundo Perdigón Brito, de l’agence Yayabo Press.
Le CIHPRESS a également fait savoir que son jeune correspondant à Guantanamo (Sud-Est), Enyor Díaz Allen, emprisonné depuis le 3 mai, date de la Journée internationale de la liberté de la presse, avait été condamné à un an de prison pour « outrage ».
Cuba compte actuellement 24 journalistes emprisonnés, dont le correspondant de Reporters sans frontières, Ricardo González Alfonso, fondateur de la revue De Cuba et lauréat du Prix 2008 de l’organisation, condamné en mars 2003 à vingt ans de prison.