RSF dénonce le licenciement d'Ahmad Takrouni suite à l'intervention du ministre de l'Information.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières dénonce le licenciement, le 2 août 2009, d’Ahmad Takrouni de son poste de rédacteur en chef du journal local « Al Uruba Al Homsiya », suite à l’intervention du ministre syrien de l’Information, Mohsen Bilal. Cette décision intervient après la publication, le 14 juillet 2009, d’un article d’Hassan Al-Safidi, intitulé « Nous, les Homsiotes, sommes des fanatiques de nos origines », dans lequel le journal affirme la suprématie de l’identité régionale des habitants de Homs (160 km au nord de Damas) sur l’identité nationale syrienne.
« Ce licenciement est inacceptable et abusif. L’article incriminé exprime l’opinion de son auteur qui joue sur le fait que les gens de Homs sont l’objet des moqueries de la part de l’ensemble des Syriens. Nous saluons la persévérance d’Ahmad Takrouni qui a défendu, jusqu’au bout, l’article et son contenu face aux autorités. Cette décision met à mal l’espace de liberté, déjà bien maigre, accordé par les autorités syriennes aux journalistes du pays », a déclaré l’organisation.
Dans un article du 14 juillet 2009, le journaliste Hassan Al-Safidi insistait sur le fait que les habitants de la ville de Homs constituaient une « communauté » distincte au sein de la République arabe syrienne, n’hésitant pas à ajouter que l’identité régionale primait sur l’identité nationale pour les habitants de la région. A noter que ces habitants sont la cible de nombreuses blagues, comme le sont les Belges en France. L’utilisation du terme « communauté » semble avoir froissé le ministère de l’Information et le nationalisme des autorités, d’où la polémique suscitée par cet article.
Khalaf Al-Miftah, directeur général d’Al-Wahda, organisation de la presse des Gouvernorats (organisation contrôlée par le ministère syrien de l’Information), est intervenu pour choisir officieusement un nouveau rédacteur en chef au journal « Al Uruba Al Homsiya ».
« Je n’ai pas reçu de messages de colère de la part de citoyens ou provenant de responsables locaux suite à la publication de l’article de Hassan Al-Safidi. Je ne m’attendais pas à ce licenciement, annoncé sans préambule. La seule raison est la publication de cet article. Je regrette que le ministère n’ait pas dépêché une commission pour étudier l’affaire », a déclaré Ahmad Takrouni. Ce dernier occupait le poste de rédacteur en chef depuis 1993, date depuis laquelle la diffusion du journal a été multipliée par 14, passant de mille à quatorze mille exemplaires.