Le rapport est le résultat d'une enquête qui a été menée durant deux ans sur les méthodes de censure utilisées et sur les cibles de cette censure.
(OLPEC/IFEX) – Tunis, le 15 janvier 2010 – L’Observatoire de la liberté de presse, d’édition et de création publie un rapport sur la censure de l’Internet en Tunisie qui est pratiquée à une large échelle et de façon systématique et n’a rien à envier à la Chine à laquelle elle emprunte certaines technologies de filtrage. Il s’agit du résultat d’une enquête qui a été menée durant deux ans sur les méthodes de censure utilisées et sur les cibles de cette censure.
L’Observatoire avait pour objectif essentiellement de révéler le dispositif règlementaire de la censure, les techniques de censure utilisées et surtout aider les défenseurs tunisiens à s’outiller pour mieux la comprendre et se protéger contre différentes formes d’attaques qu’ils subissent sur leur courriers électronique et prémunir leur capacité à surfer librement sur le Web.
La Tunisie a développé une réglementation sur Internet la plus exhaustive et la plus sévère de la région et se prévaut d’avoir été le premier pays arabe et africain à se connecter à la toile. Elle est officiellement le pays d’Afrique du Nord qui connaît la connectivité la plus importante avec 4,12 % de taux de pénétration.
Dès l’année 1999, Internet est investi par les jeunes et les dissidents qui y trouvent une fenêtre sur le monde et un espace alternatif où la parole citoyenne pouvait librement s’exprimer. La Tunisie est un pays où la presse et les médias audiovisuels sont totalement sous le contrôle des autorités qui font aujourd’hui la chasse à ce nouvel outil de communication. De grands moyens ont été investis pour contrôler le trafic du web. Les autorités ont mis en place une architecture où le contrôle se fait à plusieurs niveaux et assure le filtrage à l’épine dorsale du réseau faisant de l’Internet en Tunisie un vaste intranet à l’échelle du pays.
Des ressources considérables sont investies dans la surveillance de l’Internet. Il s’agit de budgets « spéciaux », non soumis au contrôle de la Cour des comptes (selon la loi de finances 2010), répartis entre le budget du ministère des Communications, du ministère de l’Intérieur, de l’ATCE et de la présidence de la république.