Cibao TV Club s'est vue accusée de "transmission illégale" par l'Institut dominicain des Télécommunications (Indotel).
(RSF/IFEX) – Le 31 mars 2010 – Après plus de vingt ans de fonctionnement, la chaîne de télévision privée Cibao TV Club (Canal 53), s’est vue obligée d’arrêter ses programmes, le 25 mars 2010, sur ordre de l’Institut dominicain des Télécommunications (Indotel) l’accusant de « transmission illégale ».
La fermeture de la chaîne câblée, basée à Santiago de los Caballeros, a soulevé une vive polémique car elle est intervenue après de très violentes critiques de son présentateur Ernesto Fadul envers le président Leonel Fernández et plusieurs fonctionnaires, au cours du programme « En Salud » ( http://www.youtube.com/watch?v=j3HCG4knjac ). Les arguments d’Indotel et ceux de Canal 53 s’opposent évidemment en tout point.
Selon Indotel, Cibao TV Club utilisait irrégulièrement deux fréquences hors du réseau câblé. L’institut de régulation a assuré avoir seulement repris les fréquences, la chaîne pouvant poursuivre par ailleurs sa diffusion. Une version démentie par le propriétaire de Cibao TV Club, Víctor Tejeda, qui souligne que la chaîne a de fait cessé toute activité après la confiscation de ses équipements de transmission sur le câble.
Ernesto Fadul, le propre frère du ministre de l’Industrie et du Commerce, Ramón Fadul, avait qualifié dans son programme les fonctionnaires et la présidence de la République de « voleurs » et de « protecteurs des narcotrafiquants ».
« Le recours à la fermeture d’un média, s’il est avéré ici, est le pire moyen de le punir pour des propos que l’on peut juger gravement diffamatoire ou pour l’utilisation illégale de fréquences », a déclaré RSF. « Ce procédé porte atteinte à la liberté d’expression et viole directement les standards juridiques interaméricains dans ce domaine ».
« Nous admettons que le discours d’Ernesto Fadul autorisait une réaction des personnes s’estimant injuriées ou diffamées. Dans ce cas, celles-ci pouvaient parfaitement engager des poursuites judiciaires donnant lieu à une éventuelle amende. Concernant l’utilisation illégale des fréquences, Indotel est dans son rôle régulateur en les reprenant. Il en sort s’il confisque des équipements qui appartiennent au média lui-même, réduisant celui-ci au silence », a ajouté l’organisation.