Marcelo Garay Vergara a été arrêté dans la ville de Temuco par des fonctionnaires de la brigade d'investigations policières spéciales.
(RSF/IFEX) – Le 13 septembre 2010 – Marcelo Garay Vergara, correspondant du journal en ligne « El Ciudadano » et de la station Radio Nuevo Mundo, a été arrêté, le 11 septembre 2010, dans la ville de Temuco (Sud), par des fonctionnaires de la brigade d’investigations policières spéciales (BIPE), alors qu’il se rendait à une manifestation d’hommage aux victimes de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990). Le journaliste est accusé de n’avoir pas répondu aux convocations de la justice dans une procédure engagée contre lui depuis qu’il avait couvert, un an auparavant, un conflit foncier en territoire mapuche. Convocations que l’intéressé et ses avocats disent n’avoir jamais reçues.
Marcelo Garay Vergara dit avoir fait plusieurs fois l’objet de menaces et harcèlements de la part des autorités chiliennes en raison de sa couverture du conflit mapuche. Nous prenons tout à fait au sérieux ses déclarations compte tenu des obstacles permanents posés à la presse, nationale et étrangère, par les autorités sur ce sujet précis. Malheur aux professionnels des médias qui osent aborder la question territoriale en région mapuche. Le tabou imposé par les autorités ne peut qu’alimenter la radicalisation du conflit lui-même.
La présente procédure dont fait l’objet Marcelo Garay Vergara nous étonne. Si le journaliste avait réellement voulu se soustraire à la justice, il aurait fui sa région. Le motif de son arrestation apparaît comme un prétexte et nous demandons au moins qu’il puisse se défendre en restant libre.
Récemment élu conseiller métropolitain du Collège des Journalistes, Marcelo Garay Vergara avait relayé auprès de ses médias les revendications de la communauté indigène Mapuche sur une propriété foncière de la commune de Padre Las Casas, en Araucanie. Une procédure avait alors été ouverte contre lui pour « violation de propriété privée » sur la base de l’article 161 du code pénal qui interdit de photographier, filmer ou d’enregistrer des conversations dans des lieux « qui ne sont pas de libre accès au public et sans autorisation du propriétaire ».
Le journaliste doit comparaître en audience préliminaire ce 13 septembre. Le ministère public a requis une peine de 200 jours de réclusion à son encontre ainsi que le paiement de 50 unités tributaires mensuelles (UTM – soit 1 750 000 pesos c’est-à-dire l’équivalent de 2 700 euros). Son avocat, Rodrigo Román, redoute le placement en détention préventive de son client.