L'IFEX-TMG exprime son extrême préoccupation pour la santé du journaliste Fahem Boukaddous, qui a entamé une grève de la faim le 8 octobre afin de protester contre ses conditions de détention.
(IFEX-TMG) – Le Groupe d’observation de la Tunisie (IFEX-TMG), une coalition formée de 20 organisations membres du réseau de l’Échange international de la liberté d’expression (IFEX), exprime son extrême préoccupation pour la santé du journaliste tunisien Fahem Boukaddous et demande sa remise en liberté immédiate. Boukaddous, dont la santé s’est fortement détériorée en détention, purge une peine de quatre ans de prison à la suite de sa condamnation en juillet pour avoir « formé une association criminelle susceptible de s’attaquer aux personnes. »
« Nous sommes profondément inquiets pour Boukaddous, dont l’état nécessite des soins médicaux urgents qui ne sont pas accessibles pour lui en prison, » a déclaré le Secrétaire général de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), Aidan White. « Boukaddous s’est déjà vu dénier sa liberté pour avoir exercé librement le métier de journaliste. Sans action immédiate, sa santé à long terme est menacée. »
Selon des sources familiales, Boukaddous, correspondant de la chaîne par satellite « Al-Hiwar Ettounsi » (Dialogue Tunisien), éprouve de la difficulté à respirer et à parler, et ses crises d’asthme s’aggravent. Le 8 octobre, Boukaddous a entamé une grève de la faim afin de protester contre ses conditions de détention. La famille se plaint en outre du harcèlement de la police. Des agents suivent de près leurs mouvements et exercent une surveillance intimidante près de la demeure et de l’entreprise familiales.
Boukaddous a été condamné en janvier à quatre ans de prison, et une cour d’appel a confirmé sa condamnation en juillet. Il a été poursuivi à la suite d’un reportage qu’il a fait sur les manifestations publiques qui se sont déroulées en 2008 dans la région minière de Gafsa pour protester contre le chômage et la corruption.
Dans une démonstration de solidarité, des dirigeants du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) ont organisé le 18 septembre une manifestation à l’extérieur de la prison de Gafsa, où Boukaddous était détenu, mais la police a mis fin au rassemblement et dispersé les manifestants.
« Nous demandons que les institutions de l’Union européenne exercent des pressions pour sauver la vie du journaliste, » a ajouté White. « Mais elles doivent agir vite car sa vie est en danger. »
D’autres membres du TMG de l’IFEX se joignent à la FIJ pour demander au Parlement européen de l’aider à obtenir la libération de Boukaddous. À sa session de janvier à Strasbourg, le Parlement a tenu une audience sur la situation des droits de la personne en Tunisie.
« Les autorités continuent d’utiliser les tribunaux comme moyen de répression des journalistes, comme l’a démontré cette semaine le cas du journaliste Mouldi Zouabi, » a déclaré à Londres le président du TMG de l’IFEX, Rohan Jayasekera, rédacteur associé de Index on Censorship.
Journaliste à la station indépendante Radio Kalima, Zouabi fait l’objet d’un harcèlement administratif et judiciaire depuis juillet, après avoir été agressé physiquement en avril. La police a préféré ne pas porter d’accusation contre son agresseur, et a plutôt accusé Zouabi de comportement violent et de coups et blessures. L’affaire a été renvoyée le 6 octobre devant un tribunal supérieur. Zouabi risque maintenant deux ans de prison. Le journaliste et ses avocats ont boycotté la dernière séance d’audience en signe de protestation devant ce qu’ils disent être de multiples violations des voies de droit régulières.
« Voilà des preuves supplémentaires de la façon dont une magistrature politisée sert à étouffer la liberté de parole, en déniant à un autre journaliste tunisien honnête un procès équitable. Je suis convaincu qu’un système judiciaire véritablement indépendant libérerait Zouabi en un clin d’oeil, » a ajouté Jayasekera.