L'IFEX et ses membres sont unis dans le souvenir des 32 journalistes et professionnels des médias qui furent brutalement assassinés lors du massacre de plus de cinquante personnes dans le sud des Philippines le 23 novembre 2009.
(IFEX) – Le 23 novembre 2010 – L’IFEX et ses membres sont unis dans le souvenir des 32 journalistes et professionnels des médias qui, alors qu’ils participaient à un convoi électoral, furent brutalement assassinés lors du massacre de plus de cinquante personnes à Maguindanao dans le sud des Philippines le 23 novembre 2009, il y a un an jour pour jour. Cet acte de violence est, de mémoire récente, le pire à avoir été commis dans le monde contre des journalistes.
Les progrès réalisés en vue de traduire en justice les auteurs de ce crime atroce étant minces, l’IFEX encourage fortement ses membres œuvrant aux Philippines à poursuivre leur lutte pour la justice au nom des victimes et de leurs familles, du droit à la liberté d’expression et de l’élimination de l’impunité dans ce pays.
La culture de l’impunité ne se limite pas seulement aux Philippines. Devant le grand nombre de meurtres ciblés visant des journalistes et des professionnels des médias, les membres de l’IFEX du monde entier réclament des enquêtes et des poursuites complètes dans les cas de crimes contre des journalistes. C’est alors seulement que les autres membres de la profession se sentiront suffisamment en confiance pour exercer leur métier sans craindre d’être assassinés, emprisonnés ou harcelés.
À l’occasion de ce premier anniversaire, l’IFEX répond à l’invitation de ses collègues philippins à participer en esprit à cette journée de commémoration en appelant à la fin de l’impunité afin que justice puisse être rendue. C’est dans cette intention que nous présentons les commentaires suivants de membres de l’IFEX :
« Le massacre a laissé de terribles souvenirs non seulement aux familles des victimes, mais également au reste de la communauté journalistique des Philippines. Un an après les faits, un nouveau gouvernement philippin s’applique avec zèle à la tâche d’offrir aux accusés un procès juste. La collectivité des journalistes et les défenseurs de la liberté de la presse réitèrent leur détermination à assurer une observation vigilante et continue du procès et à poursuivre leur campagne pour réclamer justice au nom des journalistes victimes de la culture d’impunité. Nous appelons le reste du monde à participer en esprit à cette journée de commémoration. » – Centre pour la liberté et la responsabilité des médias, Philippines
« Le massacre de Maguindanao n’a rien d’une tragédie accidentelle. Un an après l’événement, des journalistes partout dans le monde subissent encore des attaques violentes en réponse aux reportages qu’ils publient. » – ARTICLE 19 : Campagne mondiale pour la liberté d’expression
« Le gouvernement Aquino doit saisir cette occasion d’exercer un véritable leadership en montrant au reste du monde que les attaques contre les journalistes ne seront pas tolérées et en voyant à ce que soient poursuivis les responsables de ces meurtres odieux, qui restent à ce jour impunis. » – Journalistes canadiens pour la liberté d’expression (CJFE)
« La secrétaire d’État à la Justice Leila de Lima a déclaré, à juste titre, que le cas de Maguindanao constituait une épreuve décisive, mais il y a raison de douter que les Philippines soient en mesure un jour de relever ce défi. Au cours des années à venir, il ne faudra pas perdre de vue la nécessité d’obtenir justice dans ce cas, ni celle de répondre aux besoins des familles des victimes. » – Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ)
« Les institutions démocratiques souffrent énormément lorsque les gouvernements ne reconnaissent pas la responsabilité de ceux qui menacent les journalistes et ceux qui expriment pacifiquement leur dissidence politique, particulièrement dans le cas d’actes violents comme ceux qui se sont produits aux Philippines. » – Freedom House
« Nous accueillons favorablement la poursuite du procès des Ampatuan, mais nous déplorons le fait qu’un trop grand nombre de suspects soient toujours au large. Le président Aquino doit prendre de nouvelles mesures pour mettre à mal les forces abusives et traduire en justice les auteurs de violences graves, plutôt que de se contenter de faire des promesses en ce sens. » – Human Rights Watch
« Au sein de l’organisation, nous avons tous été choqués par cet événement, non seulement à cause du degré de brutalité atteint, mais également en raison du risque bien réel à l’époque de voir les auteurs de ces crimes échapper à la justice. Il était inspirant de voir des collègues de l’IFEX travailler de concert en vue d’établir rapidement les faits sur le terrain, contribuant ainsi à rendre justice aux victimes et à défier l’impunité. » – Index on Censorship
« Nous ne connaîtrons pas le repos avant d’avoir gagné la bataille contre l’impunité dans le cas des meurtres barbares de nos collègues des Philippines. Avec l’aide de la communauté mondiale des journalistes et des défenseurs de la liberté de la presse, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que justice soit faite. » – La Fédération internationale des journalistes (FIJ)
« PEN International appelle les autorités philippines à agir immédiatement pour faire en sorte que tous les actes de violence commis à l’endroit de journalistes fassent l’objet d’une enquête et de poursuites vigoureuses afin que les responsables soient traduits en justice et que les journalistes puissent pratiquer leur profession sans crainte d’attaques. » – Le Comité des écrivains en prison, PEN International (WiPC)
« L’IIP s’inquiète au plus haut point de la lenteur des autorités philippines à faire enquête et de leur incapacité à traduire en justice les auteurs de ce qui est considéré comme une des pires atrocités du dernier siècle. » – L’Institut international de la presse (IIP)
« En faisant vivre la mémoire des victimes de ce massacre, chacune des organisations de défense de la liberté de la presse peut contribuer à impulser des changements profonds aux Philippines. Ensemble, disons : ‘Plus jamais cela !' » – Reporters sans frontières (RSF)
« La SEAPA invite le président Aquino à faire tout en son pouvoir pour accélérer le procès des auteurs présumés et des cerveaux responsables de ce crime brutal et veiller à ce que les témoins clés de ces meurtres soient pleinement protégés contre toute forme de représailles et de harcèlement. » – Southeast Asian Press Alliance (L’Alliance de la presse de l’Asie du Sud-Est, SEAPA)
« À la suite du massacre du 23 novembre, la WAN-IFRA appelle à une réaction ‘sans précédent’ du gouvernement dans un pays marqué de longue date par la violence contre les journalistes et les civils. Au lieu de cela, la dernière année a connu de nombreux cas d’intimidation et de violence, ainsi que des problèmes de toutes sortes qui nous font craindre que justice ne soit pas pleinement rendue. » – L’Association mondiale des journaux et des éditeurs de médias d’information (WAN-IFRA)
Nous continuerons, aux côtés de nos collègues, à surveiller la situation aux Philippines.
L’IFEX est un réseau regroupant plus de 90 organisations défendant la liberté d’expression dans le monde.