L'armée américaine souhaitait obtenir plus d'informations sur une interview d'Ossama Ben Laden réalisée par Al-Jazeera et utilisait Sami Al-Haj pour enquêter sur le réseau de la chaîne qatarie, selon un nouveau câble.
(RSF/IFEX) – WikiLeaks révèle, dans un nouveau câble, les circonstances de la détention de Sami Al-Haj, cameraman soudanais de la chaine Al-Jazeera, détenu pendant six ans dans le camp militaire de Guantanamo.
Arrêté en décembre 2001 à la frontière de l’Afghanistan et du Pakistan par les forces de sécurité pakistanaises, Sami Al-Haj avait été livré un mois plus tard à l’armée américaine et transféré sur la base de Guantanamo le 13 juin 2002, accusé de trafic d’armes en faveur de groupes terroristes, ainsi que d’appartenance à Al-Qaïda. WikiLeaks révèle que le cameraman était considéré comme « posant un risque élevé pour la sécurité des Etats-Unis ».
Selon le câble, l’armée américaine souhaitait en réalité obtenir plus d’informations sur une interview d’Ossama Ben Laden réalisée par Al-Jazeera et utilisait Sami Al-Haj pour enquêter sur le réseau de la chaîne qatarie, la formation de ses journalistes, ses moyens de télécommunication ainsi que ses méthodes de collecte d’information. L’armée affirme dans le câble que le cameraman avait une « haute valeur en terme de renseignements ».
Alors que l’état physique et psychologique du journaliste, qui avait tenté d’observer à plusieurs reprises une grève de la faim, s’était considérablement dégradé au cours de sa détention, le rapport officiel publié par WikiLeaks révèle que la santé du prisonnier était considérée comme « globalement satisfaisante » par les autorités pénitentiaires. Selon son avocat Clive Stafford Smith, le cameraman, régulièrement torturé, souffrait pourtant de paranoïa, de graves problèmes intestinaux, et aurait perdu près de 20 kilos.
Reporters sans frontières s’était mobilisée en faveur de sa libération, intervenue le 1er mai 2008. L’organisation a également appelé à plusieurs reprises à la fermeture du camp de prisonniers.
Voir l’interview avec l’avocat de Sami Al-Haj, Clive Stafford Smith