"Comme journaliste, je crois cette affaire que je suis en train de vivre est une intimidation envers la presse et qu'il n'y a pas d'autre motif", a expliqué Vasni Vásquez.
(RSF/IFEX) – Vasni Vásquez, web-journaliste et animateur de « Q’Rollo », un programme de télévision pour les jeunes diffusé sur Internet, s’est vu notifier son maintien en détention, le 9 juin 2011, par le tribunal de Chiquimula (Est). Le journaliste est inculpé et emprisonné à titre préventif pour une affaire de séquestration. Reporters sans frontières exige sa libération en l’absence de preuves.
Le journaliste avait été brutalement arrêté, le 9 avril, au cours de la libération d’une victime d’enlèvement qu’il a dit connaître. Vásquez a affirmé s’être rendu sur les lieux une fois la nouvelle de l’opération répercutée sur le réseau social Facebook. Identifié comme journaliste, muni de son accréditation de la Red de Comunicadores Sociales de Chiquimula (RCS) à laquelle il collabore également, Vásquez a pourtant été désigné par la police comme l’un des ravisseurs, ce que les cinq individus arrêtés dans le cadre de cette procédure ont démenti. Le journaliste se trouve actuellement hospitalisé, apparemment en raison de blessures infligées lors de sa détention, a fait savoir RCS à l’organisation guatémaltèque de défense de liberté de la presse Cerigua.
Vásquez a été placé en détention préventive, le 18 mai dernier, sous l’accusation d' »enlèvement, association illicite et conspiration ». Sa comparution, qui devait avoir lieu initialement le 30 mai dernier, a été reportée deux fois. Il s’est déclaré innocent et a dénoncé les négligences révélées lors de l’enquête. Ses avocats auraient sollicité en vain auprès du ministère public la production de certaines preuves démontrant son innocence. Après deux mois de détention, aucun élément probant ne vient étayer les accusations portées contre Vásquez. « Comme journaliste, je crois cette affaire que je suis en train de vivre est une intimidation envers la presse et qu’il n’y a pas d’autre motif », Vásquez a expliqué à Reporters sans frontières.
Reporters sans frontières rappelle que, selon le code de procédure pénale guatémaltèque (art. 259), la détention préventive est une mesure exceptionnelle qui n’est envisageable que s’il existe l’information d’un fait et des motifs rationnels suffisants pour croire que l’inculpé a commis un délit ou y a participé. La liberté ne doit être restreinte que si le prévenu risque de se soustraire à la justice. En l’absence de preuves contre Vásquez, l’organisation demande sa libération immédiate et exige des autorités de mener une enquête impartiale. Vásquez s’est dit prêt à coopérer avec la justice.
L’Amérique latine compte actuellement, selon les informations de Reporters sans frontières, deux journalistes incarcérés en lien direct avec leur activité professionnelle : il s’agit des journalistes péruviens Paul Garay Ramírez et Oswaldo Pereyra Moreno accusés de « diffamation ». Le second est libérable au cours de ce mois de juin, à l’issue d’une peine d’un an de prison ferme.