Ce verdict n'effacera malheureusement pas les multiples entraves à la justice constatées tout au long de l'affaire, et notamment celles commises par la police d'Oakland au début de l'enquête, déclare RSF.
(RSF/IFEX) – Reconnus coupables d’implication dans l’assassinat du rédacteur en chef de l’hebdomadaire « Oakland Post » Chauncey Bailey, Yusuf Bey IV et Antoine Mackey ont été condamnés chacun à la prison à vie le 26 août 2011, a annoncé le jour même l’équipe de journalistes du Chauncey Bailey Project ( http://www.chaunceybaileyproject.org/ ). L’auteur matériel du crime, Devaughndre Broussard, avait déjà été condamné quinze jours plus tôt à vingt-cinq ans de prison. Le témoignage de ce dernier, accablant pour les deux coaccusés, a pesé lourd dans le dernier verdict.
« C’était un journaliste de cœur », a déclaré Robin Hardin-Bailey, veuve de la victime, citée par le Chauncey Bailey Project. « Je vous pardonne car le Chauncey Bailey que je connais, le Chauncey Bailey venu ici réparer les torts, raconter l’histoire de gens sans voix, je crois qu’il vous pardonnerait aussi », a-t-elle ajouté à l’adresse des condamnés. Désigné comme le commanditaire du crime et inculpé d’autres homicides, Yusuf Bey IV a dénoncé un verdict « politique » et nié toute implication quand son associé Antoine Mackey est resté sans réaction.
Chauncey Bailey avait été assassiné par balles à Oakland (Californie), le 2 août 2007, alors qu’il enquêtait sur les irrégularités de fonctionnement du réseau Your Black Muslim Bakery que dirigeait Yusuf Bey IV. L’exécutant du crime, Devaughndre Broussard a soutenu devant le tribunal avoir été engagé pour la besogne par Antoine Mackey à la demande de Yusuf Bey IV.
« La manifestation de la vérité judiciaire est donc intervenue un peu plus de quatre ans après les faits, un délai supérieur à celui d’une justice raisonnable tel que le garantit pourtant la Constitution des Etats-Unis. Chauncey Bailey a donc payé de sa vie le prix de sa profession. Nous saluons à la fois sa mémoire et la dignité de ses proches. Ce verdict n’effacera malheureusement pas les multiples entraves à la justice constatées tout au long de l’affaire, et notamment celles commises par la police d’Oakland au début de l’enquête. Sur ce dernier point, justice n’a pas été rendue », a déclaré Reporters sans frontières.