Le 23 décembre, les forces de sécurité saoudiennes ont arrêté environ 30 femmes et 30 hommes qui participaient à une manifestation silencieuse à Riyad.
(Human Rights Watch/IFEX) – Le 30 décembre 2011 – Des partisans de réformes en Arabie saoudite ont organisé plusieurs manifestations depuis la mi-décembre, malgré l’interdiction formelle de telles manifestations décrétée en mars dernier, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. A Riyad, à Buraydah, et à Qatif, les forces de sécurité ont immédiatement arrêté des dizaines de protestataires qui manifestaient pacifiquement contre la détention arbitraire de centaines de personnes qui sont détenues depuis plusieurs mois dans des prisons sous l’autorité des services de renseignement.
Le Ministère saoudien de l’Intérieur devrait immédiatement libérer ces détenus ainsi que toute personne condamnée simplement pour avoir appelé de manière pacifique à des réformes, a ajouté Human Rights Watch.
« L’Arabie saoudite n’est pas à l’abri du vent du Printemps arabe », a observé Christoph Wilcke, chercheur senior sur la Moyen-Orient à Human Rights Watch. « Le droit fondamental de manifester pacifiquement est particulièrement important dans ce pays, où il n’y a presque pas d’autres moyen de participer aux affaires publiques. »
Depuis le début des mouvements de protestation dans le monde arabe en janvier 2011, des centaines de Saoudiens ont exprimé des griefs particuliers ou appelé à des réformes politiques. Le 5 mars 2011, après la tenue de manifestations dans la capitale, Riyad, ainsi qu’à Qatif (province orientale), le gouvernement saoudien a interdit toute manifestation publique. Toutefois, des protestataires ont continué à braver cette interdiction à Qatif depuis plusieurs mois, et à Riyad depuis la mi-décembre.
Le 23 décembre, les forces de sécurité saoudiennes ont arrêté environ 30 femmes et 30 hommes qui participaient à une manifestation silencieuse à Riyad, selon un participant qui a pu éviter d’être arrêté et dont Human Rights Watch a recueilli le témoignage. Cette manifestation avait été organisée pour appeler à la libération du Dr Yusuf al-Ahmad, doyen à la faculté de droit et des sciences religieuses à l’Université Imam Mohamed Ibn Saoud à Riyad, arrêté en juillet dernier après avoir exprimé sur Twitter son soutien aux familles de prisonniers détenus depuis plusieurs mois. Au 28 décembre, la plupart des personnes arrêtées le 23 avaient été libérées, mais quatre ou cinq personnes étaient toujours incarcérées.
Le droit pénal n’étant pas codifié en Arabie saoudite, les juges disposent d’une grande latitude pour émettre des jugements et prononcer des condamnations concernant la participation à des rassemblements ou manifestations.
L’Arabie saoudite est toutefois un État partie à la Charte arabe des droits de l’homme, dont l’article 24 dispose que : « (a) Tout citoyen a le droit de pratiquer librement une activité politique… (f) Tout citoyen a le droit à la liberté de réunion et à la liberté de rassemblement pacifique. »
Cependant les autorités saoudiennes ont commis diverses violations des droits humains, notamment le recours à la force meurtrière contre des manifestants pacifiques, l’arrestation et la détention arbitraire de militants, ainsi que l’engagement de poursuites judiciaires contre des personnes qui tâchaient d’exercer leur droit à la liberté d’expression ou leur droit de rassemblement pacifique.