Mohamed Kadri a été passé à tabac par des policiers en plein centre-ville d’Alger alors qu’il couvrait une manifestation (non autorisée) d’anciens militaires réclamant de meilleures retraites.
(RSF/IFEX) – Le 21 mars 2012 – Reporters sans frontières condamne fermement les agressions survenues au cours des dernières 72 heures contre le photographe Mohamed Kadri et la journaliste Hanane Driss. Dans les deux cas, la responsabilité des violences incombe aux forces de police.
“De tels actes de violences sont inadmissibles. Les autorités doivent ouvrir des enquêtes indépendantes et sanctionner les responsables”, a déclaré l’organisation, inquiète de constater le caractère répétitif et systématique des agressions à l’encontre des professionnels de l’image, photograhes et cameramen.
Mohamed Kadri, reporter photographe pour le quotidien Waqt Al-Djazair, a été passé à tabac par des policiers, le 18 mars dernier, en plein centre-ville d’Alger (près de l’hôtel As-Safir, rue Hussein Aasaba), devant l’Assemblée populaire nationale, alors qu’il couvrait une manifestation (non autorisée) d’anciens militaires réclamant de meilleures retraites. La manifestation a très rapidement tourné à l’affrontement avec les forces de police.
Vers onze heures du matin, alors qu’il prenait des photos des forces de l’ordre en train de violenter et d’arrêter des manifestants, trois policiers se sont rués sur lui et l’ont frappé à plusieurs reprises au dos et à la poitrine.
Ils l’ont insulté et l’ont menacé de l’arrêter s’il continuait de prendre des photos. Le journaliste a pu extraire à temps la carte mémoire de l’appareil photo avant que les policiers ne confisquent son matériel. Sans trace de clichés compromettants, l’appareil lui a été remis environ 15 minutes plus tard.
Le photographe Ramzi Boudina, témoin de cet incident, a pu rapporter plusieurs clichés de la scène qui attestent de la violence de l’agression.
Le 20 mars, Mohamed Kadri a porté plainte pour coups et blessures. Le syndicat national des journalistes a décidé de se porter partie civile et a appelé les autorités à prendre des “mesures sérieuses et effectives” pour que cessent ces brutalités policières. D’après les informations recueillies par Reporters sans frontières, la police aurait présenté des excuses au photographe tout en assurant que les auteurs de ces actes seraient sanctionnés.
Le lendemain de cette agression, la journaliste Hanane Driss, du quotidien francophone Tribune des lecteurs, a également été “rouée de coups” par un policier. Elle couvrait, elle aussi, une manifestation d’anciens militaires demandant la revalorisation de leur retraite, toujours dans la capitale, devant les bâtiments de l’Assemblée populaire nationale.
Depuis l’arrivée du nouveau Directeur général de la sûreté nationale (DGSN), le Général-major Abdelghani Hamel, les consignes officielles se veulent plus respectueuses des professionnels de médias. Toutefois, malgré les discours et un relatif assouplissement des autorités, les intimidations et les agressions se poursuivent en Algérie.
D’après les témoignages recueillis par Reporters sans frontières, les photographes sont régulièrement interpellés par les forces de l’ordre qui réclament constamment un ordre de mission.
L’organisation déplore la répétition croissante des agressions violentes de journalistes de la part des forces de l’ordre, notamment les professionnels de l’image, aisément identifiables lors des manifestations.
Ramzi Boudina a confié à Reporters sans frontières avoir été plusieurs fois agressé et interpellé par la police et les gendarmes. A chaque fois le mode opératoire reste le même, les policiers encadrent et isolent du reste des manifestants des petits groupes de photographes et de journalistes pour les malmener, loin des caméras. Le 12 février 2011, lors des émeutes en Algérie, il avait été arrêté avec d’autres de ses collègues par la police.