Le recours préventif a été introduit suite à une tentative de réquisition des images tournées par Samuel Chong Rivera, au cours des récentes protestations sociales dans la région, par des autodésignés “détectives” qui se sont présentés à son domicile.
(RSF/IFEX) – Le 2 avril 2012 – La Cour d’appel de Coyhaique doit examiner ce 2 avril 2012, le recours préventif introduit depuis la tentative de réquisition des images tournées par le propriétaire et directeur de la chaîne Canal 40 TV Aysén, Samuel Chong Rivera, au cours des récentes protestations sociales dans la région patagonne. Le sénateur Alejandro Navarro Brain et l’avocat Rubén Jérez, du département des droits de l’homme de la Centrale unitaire des travailleurs (CUT), sont à l’initiative de cette procédure dont Reporters sans frontières soutient le principe.
Dans la journée du 29 mars, des individus en civil se sont présentés au domicile de Samuel Chong Rivera. Sans décliner leur identité, les autodésignés “détectives” ont exigé du journaliste, sous peine de l’arrêter, qu’il leur remette les vidéos qu’il avait tournées pour son média le 15 mars, comme le raconte le journal en ligne El Periodista. Les images recherchées montraient l’incendie d’un bus et d’un camion à jet d’eau (“guanaco”) des Carabiniers par des protestataires. Samuel Chong Rivera a refusé de s’exécuter. La requête judiciaire pour la protection de ses droits a été déposée quelques heures plus tard.
“Si nous avons espoir que la Cour de Coyhaique accède favorablement à cette procédure, nous estimons qu’une enquête sérieuse doit désigner au plus vite les auteurs de cette tentative de récupération indue d’un travail journalistique. Non seulement le procédé viole le secret professionnel dont Samuel Chong Rivera peut se prévaloir comme tous ses collègues, mais il tente de mettre en œuvre une disposition visant à convertir les journalistes en auxiliaire des forces de l’ordre. Cette clause était tellement décriée que le ministre de l’Intérieur Rodrigo Hinzpeter avait fini par la retirer de la récente législation sécuritaire qui porte son nom”, a rappelé Reporters sans frontières.
Le mouvement populaire qui a mobilisé la région d’Aysén pendant deux mois a donné lieu à une forte répression et même à la tentative de blocage des moyens d’accès à l’information sur ce territoire. Reporters sans frontières se félicite néanmoins de l’annonce par les autorités locales, le 29 mars, de l’abandon des charges retenues contre 22 personnes arrêtées lors des manifestations du 20 mars – dont le cameraman de Canal 3 (affiliée à Radio Santa Maria) Victor Hugo Gómez – au titre de la loi de sécurité intérieure de l’État (LSE) datant de la dictature (1973-1990).
En forte chute au dernier classement de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières, le Chili (80e sur 179 pays) n’en a pas fini avec les nombreux excès commis par les Carabiniers contre les journalistes. En témoigne l’arrestation violente et arbitraire d’Andrés Jara, de Radio Cooperativa, le 27 mars, lors de la couverture d’un incendie survenu dans une usine de plastique à Huechuraba, dans la région métropolitaine de Santiago. Aucune explication n’a été fournie par les forces de l’ordre dans cette affaire.