Ces initiatives incluent une anthologie littéraire rédigée par la présidente du PEN Tunisie Naziha Rejiba, un manuel de formation sur la revendication en ligne, un atelier pour caricaturistes et une campagne nationale menée dans les journaux et sur des panneaux publicitaires pour défendre les droits à la libre expression alors que l’Assemblée constituante de Tunisie continue à négocier une nouvelle constitution nationale.
(IFEX-TMG) – Le 3 mai 2012 – Les membres du Groupe d’observation de la Tunisie organisé par l’Échange international de la liberté d’expression (TMG de l’IFEX) se sont réunis à Tunis à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse afin de marquer le lancement de quatre nouvelles initiatives d’appui aux droits des Tunisiens à la liberté d’expression, qui demeure menacée en dépit des avancées de la dernière année.
Ces initiatives incluent une anthologie littéraire rédigée par la présidente du PEN Tunisie Naziha Rejiba, un manuel de formation sur la revendication en ligne, un atelier pour caricaturistes et une campagne nationale menée dans les journaux et sur des panneaux publicitaires pour défendre les droits à la libre expression alors que l’Assemblée constituante de Tunisie continue à négocier une nouvelle constitution nationale.
Au moment où des centaines de militants de la liberté de la presse se rassemblent à Tunis aux côtés du TMG de l’IFEX pour participer à la conférence annuelle de l’UNESCO organisée à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, l’à-propos de ces événements se voit confirmé par la condamnation de deux jeunes usagers de Facebook à de lourdes peines de prison et par l’amende infligée à la direction d’une chaîne de télévision pour avoir diffusé le film primé Persépolis.
« La situation s’est améliorée depuis la chute de l’ancien régime, mais il ne fait pas de doute que le droit à la liberté d’expression en Tunisie n’est encore ni acquis ni assuré », dit Rohan Jayasekera, de Index on Censorship, groupe membre du TMG de l’IFEX.
L’anthologie, Paroles évanescentes, rédigée par Rejiba, dissidente historique mieux connue sous le nom de plume Om Ziad, est publié conjointement par le TMG de l’IFEX, le PEN Tunisie et les Publications Atlas. Disponible actuellement en arabe, les éditions française et anglaise paraîtront en juin.
Le TMG de l’IFEX a également lancé un manuel de formation sur les stratégies de campagne de défense de la libre expression en ligne, stratégies mises au point par le Réseau arabe d’information sur les droits de la personne (Arabic Network for Human Rights Information, ANHRI), groupe membre du TMG de l’IFEX, en collaboration avec un partenaire local, le Centre de Tunisie pour la liberté de la presse (CTPJ). Cette démarche fait suite à une série d’ateliers de formation, qui se sont déroulés à Gafsa, Sidi Bouzid, Sousse et à Tunis.
Cette semaine voit en outre le lancement d’une importante campagne multi-médias d’appui aux droits à la libre expression, créée en partenariat avec le groupe médiatique tunisien en ligne Nawaat.org. Cette campagne, qui s’appuie sur 75 panneaux publicitaires urbains ainsi que de la publicité dans la presse écrite et les médias électroniques, sera vue par des centaines de milliers de Tunisiens à travers tout le pays.
Également ce mois-ci, le TMG de l’IFEX et le Cartoonists Rights Network International (CRNI), en partenariat avec le CTPJ, ont organisé un atelier de deux jours dans la ville côtière de Sousse, en Tunisie.
Seize dessinateurs de presse, qui travaillent à l’encre ou à la palette graphique, originaires de toute la Tunisie et de la région, qui sont tous, pour reprendre le mot du Directeur général du CRNI, le Dr Robert Russell, « à la fine pointe de la liberté de parole », se sont réunis pour échanger des techniques et partager leurs expériences.
Ces initiatives s’inscrivent dans le projet du TMG de l’IFEX intitulé Surveillance et revendication en appui aux défenseurs indépendants des droits de la personne en Tunisie (2010-2012), que gère le groupe Index on Censorship, et qui bénéficie du soutien de l’Union européenne et d’Oxfam Novib.
La nécessité de poursuivre le travail dans ce secteur a été mise en lumière par les poursuites intentées contre Nabil Karoui, directeur de la chaîne de télévision privée Nessma TV, pour blasphème et trouble de l’ordre public, qui font suite à la diffusion par Nessma du film d’animation Persépolis en octobre 2011. Karoui a été condamné à verser une amende de 2 400 dinars tunisiens (1184 euros) après avoir été reconnu coupable d’avoir troublé l’ordre public, après que des manifestants eurent fait irruption à Nessma.
« Que Nabil Karoui ait évité la prison n’est pas un motif de satisfaction, l’affaire n’aurait même jamais dû être portée devant un tribunal », déclare la présidente du TMG de l’IFEX, Virginie Jouan.
Le TMG de l’IFEX a fait part également de sa vive préoccupation au sujet de la condamnation de Ghazi Ben Mohamed Beji et de Jabeur Ben Abdallah Majri à sept ans de prison après que Beji eut mis en ligne un manuscrit critique du Prophète, dont Majri a copié des extraits à son tour.